Introduction
Depuis son entrée sur la scène institutionnelle avec la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel suggérée par l’UNESCO en 2003, le patrimoine culturel immatériel revêt un intérêt particulier et devient l’objet de la recherche scientifique. Le terme « sauvegarder » exigé par la convention est vague et laisse libres les Etats et les communautés d’en appréhender les moyens pour le garantir. Pourtant, la sauvegarde de l’immatériel est essentiellement un acte humain, parce que la sauvegarde est assurée par un ou des actes de « transmission ». C’est par et grâce à cette transmission que ce soit d’une manière orale ou par la préservation des traces immatérielles qu’on peut « assurer la viabilité du patrimoine culturel immatériel » (Frigo, 2016 :59).
Ainsi le proverbe, un des éléments du patrimoine culturel immatériel, témoigne d’un héritage authentique d’un groupe social, il forge continuellement des expressions afin de figer l’éthique tout en reflétant une manière de penser, de juger et d’agir d’un groupe social. Alors si on accepte que tout le tissu social participe à la création parémiologique qui semble concrétiser en même temps les aspects socio-culturelles, on peut dès lors constater que toute langue opère un choix lexical bien précis, correspondant à des associations d’idées, conscientes ou non, dans la création des proverbes et notamment le proverbe portant sur l’autre.
Problématique
Les manifestations symboliques de l’exclusion, exprimées par l’ensemble de ces proverbes, sont aussi dynamiques et dans certains cas réciproques: l’institution dominante attribue des étiquettes et des stéréotypes à un ensemble de groupes qui ne répond pas à ses normes. Ce qui peut entrainer une discrimination et des conflits entre les parties en présence.
Ainsi le proverbe serait-il un moyen symbolique d’un règlement de comptes au sein des groupes sociaux ?
Le proverbe peut-il donner lieu à des phénomènes de rejet d’exclusion et de discrimination ?
Ces formes immatérielles particulièrement maintenues jusqu’à présent sont-elles le résultat d’un processus de sélection qui valide certaines d’entre elles et rejette d’autres?
S’agit-il de garder ce type des proverbes en tant que particularité culturelle, utile symboliquement, qui sera diffusée et transmise malgré sa valeur stéréotypée ?
S’agit-il d’une construction sociale de l’inégalité et de la différenciation négative qui est garantie par l’emploi de ce type de proverbes ?
Ces images portées par le proverbe sont-elles dépassées ? Le proverbe s’adapte bien à tout changement culturel comme il le fait quand-il s’agit d’une modification linguistique qui peut affecter la syntaxe ou le lexique du discours proverbial ?
Les hypothèses
La transmission du proverbe portant sur l’autre doit être toujours fidèle imitative et compulsive afin de garder cet héritage oral.
Nous déformons nous réinventons nous oublions et nous sélectionnons tout en reformulant notre patrimoine culturel immatériel autrement.
La transmission culturelle du proverbe ne prend pas spécifiquement la forme de l’imitation : L’essentiel de la transmission passe par une forme de transformation qui implique nécessairement une reconstruction de ce qui est transmis.
La transmission du patrimoine culturel immatériel notamment le proverbe s’accompagne d’une réinvention culturelle : quelques motifs disparaissent sous l’effet de nouveaux facteurs.
Objectifs de la recherche
Le proverbe en tant que composante du patrimoine immatériel est un lieu de rencontre de la langue et de la culture, donc l’étude du proverbe semble propice à nous renseigner sur les pratiques discursives et sur les valeurs culturelles, tout en montrant les aspects symboliques de l’exclusion qu’il peut véhiculer. Ainsi les objectifs de notre recherche sont :
Questionner les enjeux et les limites de la circulation du discours arabo-marocain portant sur l’autre au sein du groupe social : tensions et résistances entre fixation et transmission mémorielles ou un rejet et déformation sociaux.
Montrer comment les stéréotypes, la stigmatisation et les préjugés véhiculés par le proverbe se forgent au sein de la société et en viennent à être acceptés ou rejetés.
Identifier les représentations exprimées dans le discours proverbial à l’égard des différents groupes.
Montrer comment les proverbes peuvent transmettre des stéréotypes et des préjugés et quelle influence ont-ils sur le comportement des personnes.
Le cadre analytique
Notre recherche s’inscrit dans le cadre de l’analyse du discours, et notamment dans une approche pragmatique et socio-discursive, c’est à dire nous considérons le discours comme « le lieu de l’élaboration du social » (Maingueneau, 2005). L’objet de notre recherche porte sur les stéréotypes dans le discours proverbial arabo-marocain, les enjeux et les limites de la transmission de ces images stéréotypées au sein de la société.
Les stéréotypes, concept qui a fait l’objet d’étude de plusieurs disciplines des sciences humaines, sont définies telles des « images préconçues et figées, sommaires et tranchées, des choses et des êtres que se fait l’individu sous l’influence de son milieu social » (Morfaux, 1980 : 34). Le discours, notamment le proverbe portant sur l’autre, nous semble propice pour analyser les stéréotypes, puisque c’est par ce type de discours que des images stéréotypées, que les gens se font de « l’autre », véhiculent dans la société, pour qu’elles soient partagées collectivement ultérieurement. C’est par le proverbe qu’un grand ensemble de conceptions, d’images, de savoirs partagés, de connaissances encyclopédiques sont transmis, lesquels participent à la construction identitaire certes, mais aussi à la construction de la manière avec laquelle les individus perçoivent le monde, eux même et l’autre.
Chaque groupe forme d’une manière ou d’une autre une communauté imaginée, il s’agit d’une représentation des idées et des concepts que les individus partagent, ainsi « il faut que soient produits des discours d’abord pour la faire naitre, puis pour la transformer, la reproduire, la détruire » (Turbide, Vincent, et al. 2008 : 92). Dans de telles conditions, des représentations peuvent naitre à partir d’une préconstruction, par exemple quand un individu émet un discours en décrivant une entité, il exprime implicitement une hiérarchie sociale par laquelle un ensemble de caractéristiques « sont élevées au rang de stéréotypes par les vertus de la typologie » (Paveau, 2006) laquelle typologie « vient installer le prédiscours dans les discours, comme si la typologie nouvellement créée était déjà partagée dans les cadres représentationnels collectifs » ( Paveau, 2006). La stéréotypie peut même engendrer un fait moral surtout qu’elle installe des jugements de valeurs, ce qui évoque explicitement des situations d’altérité de stigmatisation et de discrimination.
La transmission culturelle : enjeux et limites
Le terme de « transmission » s’inscrit en sociologie dans le cadre de la socialisation et de l’éducation. D’après Durkheim, « la socialisation se base sur des modèles culturels transmis par la génération précédente » (Durkheim, 1963 : 4). Les modes de transmission des traditions sont généralement observés sous deux angles distincts : soit en se plaçant du côté du transmetteur, le parent, soit en se plaçant du côté du récepteur : l’enfant. Depuis les sociétés primaires, l’enfant appréhende les valeurs, les mœurs, les normes…, ainsi il intériorise les attentes de la famille et celles de toute la communauté dans laquelle il vit. Tout un processus social s’opère sur la tutelle des générations, de la sorte la transmission entre ces générations est réalisée grâce à ces deux pôles « parents » « enfants », c’est un des processus décisifs qui participe à maintenir la stabilité et l’ordre social. Semblable à une reproduction identique, la transmission s’opère, d’après Durkheim, dans un contexte d’apprentissage et d’éducation « Toute éducation consiste dans un effort continu pour imposer à l’enfant des manières de voir, de sentir d’agir auxquelles il ne serait pas spontanément arrivé » (Durkheim, 1988 : 99).
La transmission se réalise tel un acte unilatéral : les anciennes générations lèguent un ensemble culturel à des générations nouvelles. Dans ses recherches sur les mécanismes de transmission d’une génération à une autre, Durkheim utilise le mot « éducation » au lieu de « socialisation » qu’il n’emploie que rarement. Ce terme de socialisation apparait à la fin des années 1930, surtout quand les sociologues cherchent à expliquer la relation entre la société et les individus et la manière avec laquelle ces individus s’identifient à une telle société. Une question omniprésente dans les travaux de Durkheim et aussi dans ceux de Bourdieu et de Parsons. Pour ce dernier la famille est l’institution principale de la socialisation, elle est responsable de présenter des modèles que doivent reproduire les nouvelles générations. Quant à Bourdieu, en empruntant le terme de Durkheim, voit que la socialisation est une sorte d’« incorporation des habitus », c’est un système de dispositions bien cohérent destiné à générer et à organiser les pratiques et les représentations au sein d’une société.
Généralement, on assiste à deux cas, soit le projet de transmission parental réussit dans le sens que les « héritiers » acceptent de s’approprier cet héritage en assumant une reproduction et une poursuite de ce même cheminement social. Soit les héritiers transgressent cette condition de continuité sociale, de la sorte ils refusent ce projet parental. Ce refus de la succession, selon Bourdieu, crée un « déchirement » social.
Dans un contexte plus large, la transmission d’un patrimoine culturel a un mode d’appropriation qui semble pareil à celui de la transmission d’un patrimoine matériel. Bernard Lahir a établi une comparaison entre la transmission du patrimoine immobilier et celle du patrimoine culturel afin de déceler les points de dissemblance. D’abords, la transmission d’un héritage matériel d’une génération dite propriétaire à une autre dite héritière entraine une dépossession pour la première et un enrichissement pour la seconde. Par contre dans le cas d’une transmission culturel, celui qui transmet possède toujours son héritage « donner à l’autre c’est l’enrichir sans s’appauvrir » (Lahir, 1998 : 206.) Ensuite, le patrimoine matériel se transmet sans connaitre des changements à l’encontre du patrimoine immatériel qui subit des transformations lors de sa transmission, « le capital culturel » connait une reconstruction et une adaptation de la part des récepteurs.
Parfois ce processus de transmission ne se finalise pas, vu que les conditions ne sont pas toujours favorables pour que les récepteurs s’approprient un tel capital culturel. Enfin, la transmission du patrimoine culturel immatériel s’effectue dans le temps, elle n’est pas instantanée et elle ne s’acquiert pas définitivement, ainsi elle peut connaitre une ou des évolutions, et elle peut se faire d’une manière inconsciente, contrairement à la transmission du patrimoine matériel, la passation n’est pas toujours intentionnelle et concrète.
Le discours proverbial : un héritage immatériel
Tout locuteur natif d’une langue peut facilement reconnaitre un proverbe, certes son intuition linguistique le guide à partir du rythme, de la rime, du ton…bref de la construction superficielle du proverbe, mais les parémiologues sans se baser sur cette intuition qui parfois peut être douteuse cherchent à donner une définition au proverbe en prenant en considération d’autres critères : sa fonction argumentative, son fonctionnement syntaxique et son rôle pragmatique. Le proverbe est doté d’une concision bien distincte par rapport aux autres composantes de la littérature orale, or il est plus facile à retenir et à réemployer en l’introduisant dans nos discussions quotidiennes, il est l’objet d’étude séduisant qui attire sans cesse l’attention des chercheurs ; qu’ils soient des linguistes, des philosophes, des ethnologues ou des simples amateurs de l’héritage patrimonial. Il est le genre du discours le plus collecté, expliqué et étudié….Par contre les difficultés font surface quand les chercheurs, défiant ses dimensions et ses caractéristiques, essayent de le mettre dans un canal bien déterminé, et de le cerner dans une définition satisfaisante, d’ailleurs depuis Aristote les définitions se succèdent mais sans réussir à donner au proverbe une définition universelle approuvable, comme le confirme Gómez-Jordana Ferary : « Nous dirons, pour notre part, que nous reconnaissons ce qui en langue est annoncé comme proverbe mais que nous n’arrivons pas à définir ce qui en métalangue pourrait être dénommé proverbe » (2012 : 12).
Le proverbe fait partie intégrante de la langue, il est un des supports de l’expression culturelle et un des témoins de l’héritage ancestral. Sous formes de mots et des images, il reflète des principes de morale, des règles de conduite et des valeurs civiques, comme dit L. Gaborit « le proverbe fournit les règles de la conduite morale. Ainsi dans les sociétés traditionnelles, le proverbe fait la loi » (Gborit, 1983 : 149). En arabe classique, le terme « proverbe » se traduit par [mathal] c’est à dire une chose qui ressemble à une autre d’où le sens du proverbe qui exprime une situation semblable à celle décrite par le locuteur, ainsi par cette ressemblance l’interlocuteur a l’avantage de bien saisir l’idée et le sens du proverbe et d’y adhérer. Dans le dialecte marocain l’équivalent du proverbe est aussi [matahal] ou [hakma] qui suggère un sens chargé de sagesse et de raisonnement conventionnel qu’on admet volontairement.
Méthodologie
Notre recherche s’est établie en deux phases :
Une première phase : il s’agit de la constitution d’un corpus représentatif : un ensemble de proverbes arabo-marocains portant sur l’autre recueillis à partir de ces différents ouvrages :
Dictionnaire bilingue des proverbes marocains arabo-français de Michel Quitout.
Les proverbes marocains: traduction annotée suivie d'une étude linguistique de Bouchta Attar
Proverbes et locutions proverbiales en usage à Marrakech de Faïza Jibline
Proverbes et dictons du Maroc de Leïla Messaoudi; Jean Auzeloux .ED Casablanca : Belvisi ; Aix-en-Provence : Edisud, 1999.
المرأة في الأمثال المغربية / al-Marʼah fī al-amthāl al-Maghribīyah. De Munyah Bil al-ʻĀfīyah
Un tel choix de décontextualiser le discours proverbial de son usage oral est justifié par la nature des objectifs de notre recherche. On vise savoir l’attitude d’un échantillon représentatif envers les proverbes en général et les proverbes portant sur l’autre en particulier. Et mesurer à quelle point ces personnes sont prêtes à l’admettre en tant qu’un héritage et surtout à le transmettre aux générations malgré la portée stigmatisante qu’il véhicule.
La deuxième phase : il s’agit d’une étude quantitative qui est menée à l’aide d’un questionnaire et d’un entretien semi directif au près d’un échantillon représentatif afin d’étudier :
La place du proverbe dans l’imagination marocaine / l’utilisation du proverbe dans les conversations/ le proverbe portant sur l’autre…)
Les différentes attitudes envers les images stéréotypées véhiculées par le proverbe marocain.
Le contexte de la recherche
La ville de Safi : c’est une ville côtière dans l’ouest du Maroc, elle se situe sur l’océan Atlantique. Selon le recensement de 2014, elle a une population de 308 508 habitants. Ses habitants sont des berbères, qui sont venus s’installer dans la région avant ou après la fondation de la ville de Safi, ou des arabes appelés : (Abda) qui y ont été installés au XIIème siècle, ou (Ahmar) qui sont venus de la tribu Maqil d’Algérie qui était à l’époque une région marocaine. Il est à signaler que dans la ville de Safi habitaient une grande communauté juive, elle représentait plus de 20% de la population avant leur émigration en France, au Canada ou en Israël.
Echantillonnage
Cette enquête a concerné 327 personnes, (49.1% de sexe masculin et 50.9 % de sexe féminin). Ces personnes sont de niveaux socioprofessionnels variés : 42 enseignants, 39 fonctionnaires, 41 commerçant, 44 fermier ou agriculteurs, 39 pécheurs (le secteur maritime), 39 retraités, 41 étudiants, et 37 sans emploi. Ils s’inscrivent dans cinq catégories d’âge (16-25 ans, 26-35 ans, 36-45 ans, 46-55 ans, plus de 56 ans) selon les données suivantes :
catégorie |
16-25 ans |
26-35 ans |
36-45 ans |
46-55 ans |
Plus de 56 ans |
Nombre |
59 |
67 |
69 |
67 |
65 |
Total |
327 |
Pour leur niveau de scolarité, il varie selon le tableau suivant :
Primaire |
Secondaire |
Secondaire qualifiant |
Universitaire |
Autre |
7.4 % |
15 % |
25.4 % |
27.3% |
24.9 % |
Quant au critère basé particulièrement sur la naissance ou non de ces personnes dans un milieu urbain, 59% sont issus d’une origine urbaine, alors que 41% sont d’origine des ruraux. Il est à noter que l’identité rurale augmente à chaque fois qu’il s’agit des catégories d’âge (46-55 ans) et plus de (56 ans).
Cela s’est fait par le biais d’entretiens et de questionnaires (le questionnaire élaboré sur Google Forms a été publié dans des groupes sur Facebook, on cite:
Entre Safiotes et Safiots du monde (Je suis de Safi)
Pour un Safi meilleur.
Actualité culturelle à Safi.
Filière sociologie FLSH
Master et licence professionnelle à Safi.
Le même questionnaire (en version papiers) a été distribué aux enseignants et aux élèves dans les établissements suivants : Lycée Ibn Moulay Elhaj à Safi, Collège Sidi Abdel Karim à Safi. La deuxième méthode qu’on a adoptée, surtout avec les gens illettrés, était celle du questionnaire semi directif, nous avons opté pour l’emploi de l’entretien individuel et la méthode du face à face. Ainsi, on a posé les mêmes questions de notre questionnaire à des personnes qui habitent à l’ancienne médina de Safi (des quartiers défavorisés), aussi à des personnes qui habitent dans une commune rurale nommé Had Hrara qui s’éloigne de Safi de 29.3 km.
Les résultats
La première rubrique de notre enquête s’intéresse à la place du proverbe dans la culture quotidienne de ces différentes personnes qui ont répondu à notre questionnaire, ainsi que l’attention qu’ils prêtent à ce type de discours.
L’utilisation des proverbes dans les conversations quotidiennes
51% des personnes interrogées n’utilisent le proverbe que rarement dans leur quotidien, dont 69.7 % sont de la tranche d’âge (16-25 ans). Alors que 31% de ces personnes utilisent souvent le proverbe dans leurs conversations, sachons qu’un grand pourcentage de ces personnes appartient à la tranche d’âge (46-55). Tandis que la minorité (12%) l’utilise toujours, dont la majorité fait partie de la tranche d’âge plus de 56 ans. Alors que 93.6% confirme qu’il y a au moins une ou deux personnes au sein de leur famille ou de leur entourage qui utilisent le proverbe dans les conversations d’une manière permanente et spontanée.
L’emploi et le rôle du proverbe
36.7% de ces personnes affirment que le discours proverbial sert à argumenter et à convaincre, ce qui renforce l’idée que le proverbe est depuis toujours considéré comme la voix de la sagesse des antécédents. Alors que 56.9 % certifient qu’il est juste une manière de s’exprimer. Pourtant 90.9% attestent que le discours proverbial est loin d’être un simple ornement discursif et réfutent l’idée que l’emploi du proverbe est un signe d’archaïsme. Plus de 88% nient l’idée que le proverbe est un signe d’analphabétisme. Surtout que 48.6% témoignent que l’emploi du proverbe est une habilité qui n’est pas à la portée de tout le monde. De la sorte, pour ces personnes, le discours proverbial est toujours considéré comme un signe de sagesse et d’intelligence. 70.6% soutiennent l’idée que le proverbe est un savoir identitaire. Il est à indiquer que 71.9% de ces personnes qui défendent l’emploi du proverbe et expriment leur volonté de garder une image valorisante du proverbe ont un niveau de scolarité différents soit des personnes illettrées soit des personnes intellectuelles (Ils ont un niveau universitaire).
En revanche, les personnes qui appartiennent particulièrement à la tranche d’âge (16-25 ans) ne prêtent pas beaucoup d’attention à ce type de discours. Pour eux, c’est un discours désuet, et son usage est un signe d’analphabétisme et d’archaïsme.
La conservation du discours proverbial
91.74 % de ces personnes trouvent qu’il est important de conserver et de sauvegarder le proverbe, car il s’agit bien d’un héritage culturel, et afin d’assurer sa sauvegarde, ils proposent de l’utiliser dans les conversations, de l’introduire dans les programmes scolaires notamment à l’enseignement primaire et de sensibiliser les enfants de l’importance de cet héritage culturel. Pour la minorité qui est contre la conservation des proverbes, elle justifie leur point de vue par les considérations et les motifs suivants :
52.9% de ces personnes affirment que la mondialisation a changé notre perception de la culture orale, et les 23.5% affirment qu’on ne prête plus attention à ce type d’héritage. Par conséquent, Ils relèguent le proverbe parmi les vieux adages qui finissent à sombrer dans l’oubli, jugés indignes d’enrichir et d’embellir une langue.
Les différentes attitudes envers le proverbe portant sur l'autre
70.6% de ces personnes affirment que tout proverbe sur l’autre peut refléter une réalité, donc le proverbe garde sa force illocutoire et son pouvoir argumentatif, quelle que soit sa connotation, il possède toujours une valeur argumentative bien constance, il présente une raison communément admise et validée. Le proverbe détient la fonction d’un argument d’autorité qui s’actualise à chaque situation. Du moment qu’une minorité soit 4.6% trouve que ce type de proverbe porte une image tellement fausse sur la société.
Avant de s’interroger sur l’usage des proverbes portant sur l’autre il fallait leur demander s’ils ont vécu une situation où ils étaient exclus ou discriminées. Evidemment, 42.2% étaient victimes d‘exclusion et de stéréotypage à cause soit de leur origine (31.9.1%), soit de leur sexe (19.1%), soit de leur accent (19.1%). les 67.2% des victimes de discrimination étaient dans une situation d’isolement, c’est-à-dire une situation de minorité du groupe.
La deuxième rubrique de notre questionnaire vise de mesurer leur attitude envers un ensemble de proverbes : des trentaines de proverbes sur la femme, des trentaines sur le régionalisme (les habitants de Safi, de Marrakech, de Rabat, Fès…), des dizaines de proverbes sur le berbère, des vingtaines sur les autres religions (le judaïsme et le christianisme) et des dizaines sur l’esclavagisme. Cette question a permis de juger la fausseté ou la véracité du contenu de ces proverbes en général selon ces différentes personnes. Donc, elles sont invitées à exprimer leurs avis (être : tout à fait d’accord / d’accord/ ni d’accord ni pas d’accord/ pas d’accord/ pas du tout d’accord).
L’attitude des personnes interrogées à l’égard de l’image de la femme
|
Tout à fait d’accord |
D’accord |
Ni d’accord ni pas d’accord |
Pas d’accord |
Pas du tout d’accord |
Pourcentage varie entre |
5.50% 20.18% |
2.75 % 18.34 % |
8.25% 22.01% |
26.60% 41.28% |
22.93% 48.62 |
La tranche d’âge la plus dominante |
Plus de 56 ans |
46- 55 ans |
36- 45 ans |
26-35 ans |
16-25 ans |
Ce qui était surprenant il y avait un grand nombre de femmes surtout celles qui proviennent d’une zone rurale et qui n’ont jamais fréquenté l’école, elles approuvent totalement que tous les proverbes sur la femme sont totalement juste malgré l’image négative qu’ils véhiculent. Elles soutiennent l’idée que le proverbe est une image sincère et concrète de la société.
L’attitude des personnes interrogées à l’égard des proverbes sur le judaïsme et le christianisme :
|
Tout à fait d’accord |
D’accord |
Ni d’accord ni pas d’accord |
Pas d’accord |
Pas du tout d’accord |
Pourcentage varie entre |
6.42% 12.84% |
18.34% 34.86% |
25.68% 41.28% |
10.09% 25.68% |
11.92% 21.10%
|
La tranche d’âge la plus dominante |
Plus de 56 ans |
46-55 ans |
16-25 ans |
26-35 ans
|
36-45ans |
La majorité des personnes interrogées ont une réaction plus au moins neutre envers la plupart des images portées par ces proverbes. Par contre, d’’après les statistiques, 35% ont exprimé leur accord par rapport à des proverbes qui représentent les juifs d’une manière positive, comme le proverbe suivant : « un marché sans juifs est comme un juge sans témoins », qui parle de l’importance des juifs dans l’échange commercial avec les musulmans surtout à une certaine époque. Aussi, la même attitude est décelée à l’égard des proverbes qui portent des conseils et qui correspondent aux normes islamiques comme dans le proverbe : « Le chrétien dors dans son lit mais ne mange pas de sa nourriture », sachons que les chrétiens peuvent utiliser le rhum dans leur repas, chose qui est interdite par la religion islamique, d’où le taux important de 34.86% de ces personnes qui ont confirmé la morale du proverbe.
L’attitude des personnes interrogées à l’égard du régionalisme
|
Tout à fait d’accord |
D’accord |
Ni d’accord ni pas d’accord |
Pas d’accord |
Pas du tout d’accord |
Pourcentage varie entre |
2.75 % 41.28 % |
6.42 % 17.43 % |
19.26 % 44.95 % |
11.92 % 44.36 % |
8.25 % 24.77 % |
Catégorie d’âge la plus dominante |
46-55 ans |
Plus de 56 |
16-25 ans
|
26-35 ans
|
36-45 ans |
Il est à noter que le pourcentage le plus élevé dans la rubrique « tout à fait d’accord » trouve son explication dans le sens même du proverbe, auquel les personnes adhèrent surtout qu’il porte une image favorable par exemple celle sur les Marrakchis : ils ont le bon sens de trouver les bonnes réponses pour toute situation.
L’attitude des personnes interrogées à l’égard de l’esclavagisme
|
Tout à fait d’accord |
d‘accord |
Ni d’accord ni pas d’accord |
Pas d’accord |
Pas du tout d’accord |
Pourcentage Varie entre |
6.4% et 12.8% |
10.09 % et 20.18 % |
34.43 46.7% |
16.51% 18.34%
|
11.92% 13.76 |
Catégorie d’âge la plus dominante |
Plus de 56 ans |
Plus de 56 ans |
16-25 ans 26- 35 ans |
46- 55 ans |
35-45 ans |
On remarque généralement une faible acceptation de ces images stéréotypées chez les jeunes. Pour la plupart, l’image stéréotypée est une propriété individuelle et non pas collective. Néanmoins, pour des personnes plus âgées surtout celles issues d’un milieu rural conservent l’idée que le proverbe a son rôle crucial d’annoncer des vérités et des évidences, il renferme dans un sens complet une vérité qui se transmet de bouche à oreilles. Ils sont favorables au projet même du proverbe qui est l’illustration des bases de l’éthique, il est l’œuvre collective d’une communauté et la voix de la sagesse d’un patrimoine, une voix exprimée en commun et elle est le fruit d’une collaboration de plusieurs générations.
Enjeux et limites de la transmission du proverbe portant sur l’autre
Par un ensemble de questions totales ou à choix multiples, les personnes interrogées étaient invités à exprimer leur perception de la stéréotypie dans le discours proverbial, et à répondre à la question des enjeux de la vivacité de ces différentes images portées par le proverbe. Ainsi on a abouti à ces données:
35.5% désapprouvent l’idée que l’emploi de ce type de proverbes peut participer à une construction sociale de l’inégalité et de la différenciation négative. En plus de ça, 48.1% rejettent l’idée que ce type de proverbes peut donner lieu à des phénomènes de rejet, d’exclusion et de discrimination au sein du groupe social. En revanche, un pourcentage important soit 54.6%° des interrogés trouve que c’est crucial de sauvegarder ce type de proverbes quoiqu’elle soit l’image qu’ils véhiculent, et ils trouvent que c’est important de les transmettre aux générations mais avec des limites.
Les 57.4% écartent la conception que le proverbe est un moyen symbolique d’un règlement de comptes sociaux dans la société même si que les 54.1% confirment que ces images portées par le proverbe ne sont pas tout à fait dépassées, dont 60% de ces personnes sont issues d’un milieu rural et appartiennent à la tranche d’âge (plus de 56 ans). 55.7% de notre échantillon aperçoivent que ces images négatives sont bien dépassées puisque la culture n’est pas statique, elle change sans cesse et ils ajoutent que le proverbe révèle d’un domaine de la subjectivité et non pas de la vérité objective.
Discussion
Ces proverbes sont désormais dépassés, ils sont conçus tels des documents historiques ou des bribes d’une ancienne philosophie démolie à travers le temps. Enchainements ou témoignages d’une évolution inéluctable des conditions sociales et culturelles, ces imagés stéréotypée sont appelées à disparaître, mais notamment à perdre leur sens propre pour s'adapter peut être à d'autres contextes d’usage figuratif ou humoristique. Ainsi cela s’explique par :
La femme : Le statut de la femme au sein de la société marocaine a bien évolué, elle n’est plus mal vue ou mal traitée, au contraire elle a pu accéder à des postes très importants et s’imposer en tant qu’une femme autonome.
Les juifs marocains sont considérés comme des citoyens à part entière, ils ont le droit aux élections. L'Etat marocain leur a octroyé un espace juridique très important selon les doctrines du judaïsme. Tout juif bénéficie d’une vraie autonomie culturelle et administrative grâce au statut de « Dhimmi ». Ils avaient et ils ont toujours leur place au sein des marocains et personne ne peut le contester. D’ailleurs juif et marocain peuvent partager la même langue, les mêmes superstitions et parfois les mêmes croyances.
Le régionalisme et le racisme: Grâce à la mondialisation, les marocains ne vivent plus dans des espaces clos, ils ne cherchent plus à promouvoir ou à défendre les intérêts et les identités de telle région ou de tel groupe social, la vision de l’autre à bien changé, les frontières sont ainsi insignifiantes, et la volonté de vivre en collectivité est mise en valeur.
Cependant, le stéréotypage est moins approuvé chez la catégorie des jeunes, cela explique qu’ils ont leur propre vision de la société, ce qui fait fondre ces images dévalorisantes sur l’autre dans un nouveau moule, lequel prévoit que la société ne peut être homogène que si ces membres puissent dépasser les différences et s’accepter et accepter l’autre.
Synthèse
Ainsi les hypothèses validées sont : Nous déformons, nous réinventons, nous oublions et nous sélectionnons tout en reformulant notre patrimoine culturel immatériel autrement. La transmission culturelle du proverbe ne prend pas spécifiquement la forme de l’imitation : L’essentiel de la transmission passe par une forme de transformation qui implique nécessairement une reconstruction de ce qui est transmis. Les valeurs de chaque société évoluent sans cesse, et même ce qui semble resté figé se transforme sous l’effet de l’imagination sociale. La transmission du patrimoine culturel immatériel notamment le proverbe portant sur l’autre s’accompagne d’une réinvention culturelle : quelques motifs disparaissent sous l’effet de nouveaux facteurs sociaux et culturels.
Conclusion
Pour les linguistes, les proverbes sont caractérisés par l'archaïsme. En fait, ils contiennent un lexique ancien qui est rarement utilisé actuellement. Cela prouve que les proverbes peuvent s'adapter non seulement aux changements culturels, mais aussi à tout changement langagier qui peut affecter le lexique, la forme et la syntaxe. On prétend que l'image du stéréotype a changé et que la société n'attribue plus ces images négatives par l’usage des proverbes, lesquels suivent nécessairement les évolutions de la société, surtout que leur existence n'est assurée que par la fréquence d'utilisation et d'emploi.
En somme, à la lecture des ouvrages qui collectent les proverbes on peut constater qu’il y a des proverbes sous forme de leçons et de morales, d’autres sous forme de remèdes aux frustrations ainsi que des proverbes qui véhiculent des images de stigmatisation et de stéréotypage. Le proverbe est tout cela un amalgame de pensées d’opinions mais sans qu’il n’exige un archétype à adopter et à respecter dans l’absolu, en effet, il peut se référer à un cas particulier et répondre à un besoin instantané. On peut même trouver des proverbes contradictoires comme l’exemple de : « Il faut savoir sauter sur les occasions », traduit du proverbe marocain : « drab lehdid mahaddu sxuun », qui est tout à fait le contraire de : « Ajournement a son bienfait » la traduction de : « kul tuxira fiha xira ».
La question que l’on peut se poser : pourquoi les civilisations ont-elles cessé de produire des proverbes surtout que les mentalités et les besoins de vie ont changé ? Si l’on admet que le proverbe est une dénomination qui suit nécessairement l’évolution de toute société, pourquoi il n’y a aucune trace de cette nouvelle image dans le proverbe ?
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Annexes
Quelques proverbes sur la femme
- Une femme sans homme est comme le cheval sans bride.
- Une femme sans mari est un nid sans oiseaux.
- Une femme sans enfants est comme une tente sans attaches.
- La femme est une vipère et liée/ soutenue par le diable.
- N’épouse pas la maigre dont les os peuvent être comptés, le bien la fuit et le Mal l’interpelle.
- Celle qui fâche son époux est comme celle qui fâche son père
- Epouse la fille quand elle est dans le giron de sa mère
- Celui qui n’a pas de filles, les habitants ne sauront pas quand il est mort
- Un mariage sans enfants n’est pas de longue durée pour les hommes.
- Si tu veux te marier, épouse une jeune femme qui fait ton bonheur, n’épouse pas une vieille femme qui passe la nuit à te gronder.
- La belle-sœur est un vermisseau.
- Obéir aux femmes conduit en enfer.
- Le remède de la molaire et de la femme c’est l’arrache-dent et la lettre du divorce
Quelques proverbes sur les juifs et les chrétiens
- Mieux vaut un juif à la maison qu’un mari déplaisant.
- Ne crois pas un Juif converti à l'Islam même après quarante ans.
- Comme les tombeaux des juifs, la blancheur et le manque de piété.
- C’est comme coiffer les enfants des juifs, ni récompense ni bénéficie.
- Comme l’indigent juif, ni l’ici-bas ni l’au-delà
- C’est comme si on menait un juif à la mosquée.
- Le plus pire des preuves pour le juif c’est penser de devenir musulman.
- Le juif est connu par sa haine aux autres religions.
- Le juif, mange sa nourriture, mais ne dors pas dans son lit.
- Un marché sans les juifs c’est comme un juge sans témoins.
- Le juif a gagné c’est que son frère n’était pas présent.
- Les chrétiens sont incroyants, ils ne veulent que perte aux musulmans.
- Si les chrétiens entrent au pays quitte-le et habite au bord de l’oued.
- Le chrétien dors dans son lits ne mange pas sa nourriture.
- Si le juif était en or sa parole serait de cuivre.
- Comme a dit le juif : où est l’argent d’autrefois et la sagesse/ maturité d’aujourd’hui.
Quelques proverbes sur l’esclavagisme
- Le maitre comprendrait tout d’un clin d’œil, et l’esclave d’un coup de poing.
- Comme un esclave, il peut s’estimer grand, alors qu’il reste petit aux yeux des autres.
- Par manque de famille, j’ai fait de l’esclave mon oncle.
- Les querelles de la servante ne te se terminent qu’avec du sang.
- Une femme esclave féconde vaut mieux qu’une femme libre inféconde.
- Si une femme au teint mat te désire, ne regarde pas à se désirer, ne dilapide pas en sa faveur le bien de ton père et ton aïeul, c’est comme un corbeau qui, lorsqu’il tombe sur une tente/ une maison, la rend déserte.
- Quel dommage que l’esclave ait des dents.
- Si ce n’est que par les prières, l’esclave devient blanc.
- Celui qui aime une esclave, doit le regrette, ni un physique beau, ni un bon cœur.
- L’esclave voilée est comme une ânesse à bride.
- « C’est le « serviteur » qui fait le travail et c’est « le maitre » qui en est félicité »
- Il donne et le regrette comme le fils de l’esclave.
Quelques proverbes sur le régionalisme
- Les musulmans de Rabat sont peu fiables.
- Cent bonimenteurs plutôt qu’un Rbati.
- Le portefaix de Fès, demande lui où se trouve la maison, il te renseignera sur ses coins.
- A part Fès, il n’y a plus de gens valables.
- La beauté de Fès est dans son eau et son air ainsi que par la manière dont ses femmes se drapent de leurs haîks.
- Tanger et Fès sont les villes où se trouvent des gens de valeur.
- Tétouan est une ville où l’air est du poison, l’eau est de sang et l’ami est peu fiable.
- Marrakech est la ville où prévaut l’éducation des sains.
- Mon chien va à Marrakech et tu deviendras seigneur chien.
- J’aurais aimé t’appeler pèlerin puisque tu pars pour Sefrou.
- La méchanceté des tangérois ressemble à une fumigation au benjoin.
- Une amitié Oujdie ne dure que du matin au soir.
- Un médecin Slaoui blesse et guérit.
- Les Doukkalis sont des gloutons à table, des mécréants, et des calomniateurs.
- Les gens de séfrou sont cupide et sans cœur.
- Comme les berbères : dix parlent tous à la fois et un seul écoute.
- Les paroles d’un fassi sont telle une tombe oubliée ou une sacoche vide.
- Vaut mieux faire à une diablesse qu’à une Souirie.
- Ne donne jamais l’adresse de son domicile ni au rural ni au rat.
- Dix meskini ‘ de benmiskine’ forment un homme sage.
- Le marrakchi a la réponse toute prête dans la bouche.
[1] Bel Afiya. M, La femme dans les proverbes marocains. Dar Toubqal.2010