Benoît Lefbvre, CRISES – EA 4424, Université Paul-Valéry (Montpellier)[1]
Introduction
Dans l’Antiquité, trois empires, dont le cœur se trouvait dans l’actuel Iran, ont dominé successivement le Moyen-Orient, du VIe siècle av. J.-C. au VIIe siècle : les Achéménides, les Arsacides et les Sassanides. Même si ces trois empires présentaient des points communs et des continuités, ils avaient chacun leurs particularités. Ces empires étaient plus ou moins centralisés, et ce contexte politique favorisait les troubles, les émeutes et les compétitions pour le pouvoir. Les rois, à travers les époques, devaient lutter contre des ennemis aussi bien extérieurs qu’intérieurs.
Le titre de cette communication peut surprendre. Pour durer, la paix doit s’installer avec le consentement de tous. On voit mal comment celle-ci pourrait s’imposer par le recours aux armes. Pourtant, dans l’Iran antique, les armes n’étaient pas seulement synonymes de violence et de destruction, elles participaient aussi de la définition du pouvoir royal, et donc d’un processus de construction politique. Si le pouvoir du roi est stable et assuré, alors la paix régnera aussi bien parmi les sujets qu’avec les puissances voisines. Parmi les différentes armes, l’arc, la flèche et le carquois occupaient une place de choix. Les rois iraniens les associaient à des valeurs qu’ils considéraient au fondement de leur pouvoir, comme la générosité, la clémence et le courage[2]. Or, les deux premières valeurs favorisaient la paix entre le roi et ses sujets, surtout après une période de conflit.
Le concept de paix ne s’applique pas seulement aux relations avec les voisins extérieurs, mais aussi à l’intérieur des frontières, et ce type de paix est tout aussi intéressant à étudier. Les relations entre les rois iraniens et leur aristocratie étaient souvent tendues, parfois ouvertement hostiles. Pour s’assurer un pouvoir stable et l’intégrité de leur empire, les souverains devaient prendre les armes et imposer la paix, selon leurs conditions. La paix était indissociable de la légitimité du souverain.
Il ne faut pas opposer trop schématiquement paix à l’extérieur, avec les voisins, et paix à l’intérieur, entre le roi et son aristocratie. En effet, l’instabilité intérieure pouvait avoir pour conséquence l’instabilité extérieure, et inversement. Face aux différents ennemis, le roi devait remporter la victoire par les armes et éliminer les compétiteurs. Toutefois, le recours à la force ne suffisait pas pour installer un pouvoir dans la durée. Le roi légitimait son pouvoir par tout un programme idéologique et politique, connu essentiellement à travers des sources iconographiques, comme les reliefs monumentaux, numismatiques et épigraphiques.
Les sources sont notre principal problème. Pendant des décennies, les historiens ont appuyé leurs analyses sur les sources littéraires gréco-romaines pour construire une histoire politique et sociale des empires iraniens antiques. Par exemple, sous le Haut-Empire romain (Ier-IIIe siècles), des auteurs comme Tacite, Plutarque, Justin et Dion Cassius décrivent l’organisation sociale et politique des Parthes, mais les informations ne sont le plus souvent ni claires, ni précises[3]. De plus, certains auteurs gréco-romains ont tendance à présenter les Parthes sous un jour défavorable, ce qui pose la question de leur crédibilité[4]. D’autres ont mal compris les institutions politiques des royaumes iraniens, l’obstacle linguistique empêchant parfois de comprendre et de saisir certaines réalités sociales et politiques[5]. Les possibilités de saisir l’histoire de ces royaumes dans leur totalité ont donc été considérablement limitées, mais force est de reconnaître que nous restons dépendants des textes gréco-romains. Toutefois, il est possible de croiser les textes avec d’autres sources : les monnaies, les reliefs monumentaux et les inscriptions. Ajoutons aussi, entre autres, les éphémérides astronomiques babyloniennes, publiées récemment et qui contiennent, en plus des observations astronomiques, quelques références à des événements historiques d’actualité[6]. Ces différents témoignages apportent un complément d’information indispensable, et même un autre éclairage sur l’histoire politique de ces royaumes iraniens[7]. Malgré le déséquilibre des sources, il faut s’efforcer d’adopter une perspective iranienne[8]. Le fait que nous soyons dépendants des sources littéraires gréco-romaines explique pourquoi, parmi tous les royaumes iraniens, les Parthes occuperont une place plus importante dans cette communication. En dépit des changements de dynastie, les trois royautés achéménide, arsacide et sassanide ont conservé des liens politiques et culturels importants. Certains aspects d’idéologie politique se caractérisent ainsi par une certaine longévité, même s’il ne faut pas les voir comme quelque chose de figé.
1. Une instabilité politique favorable aux guerres
Mais que disent les textes gréco-romains ? Les Grecs et les Romains, pour décrire les Orientaux, utilisent toute une série de poncifs. Par exemple, les rois orientaux sont assimilés à des tyrans vautrés dans la richesse, parfois mous et efféminés, dont le pouvoir, pour durer, repose sur l’utilisation de la force[9]. Il est alors évident que, d’après ces représentations, cette paix s’impose sans le consentement des sujets.
Selon le philosophe Sénèque, qui a vécu au Ier siècle, le roi des Parthes ne peut trouver le repos car il est contraint de maintenir son arc constamment armé pour terrifier ses sujets[10]. Le pouvoir tyrannique ne peut reposer sur des bases solides, car sa durée dépend de la violence, qui est le fait du plus fort et n’est donc pas un fondement durable du pouvoir. Ce sont la stabilité du pouvoir et sa reconnaissance qui garantissent la paix. Le propos de Sénèque n’est pas qu’une simple reprise de tous les poncifs sur l’Orient, il illustre une situation problématique qui ronge les empires iraniens, et notamment l’empire parthe : des membres de l’aristocratie peuvent menacer le pouvoir du roi. Plus celui-ci est faible, plus le risque de révolte, et donc de guerre civile, est élevé. Tant que le roi est puissant et victorieux, l’aristocratie continue de le servir, mais lorsque des conflits éclatent pour la succession, des aristocrates peuvent voir des occasions supplémentaires de s’enrichir et de renforcer leur influence, et les rivalités entre familles menacent la cohésion interne de l’empire[11].
Ces représentations gréco-romaines de la politique chez les Orientaux se fondaient-elles sur une quelconque réalité ? En tout cas, les Romains tout comme les Grecs devaient être conscients que dans ces royaumes la violence politique était importante, notamment dans les questions de succession. Pour citer Pierre Briant, spécialiste de l’histoire des Perses Achéménides : « Comme toute construction impériale, l’empire achéménide est fondé sur une série d’objectifs et de moyens contradictoires. Ses dirigeants étaient écartelés entre la paix et la guerre, entre la volonté affichée de régner dans l’harmonie, et la nécessité de maintenir les peuples sous leur domination »[12]. Cette violence politique et sociale n’était pas propre à l’Orient ancien, et touchait aussi le monde romain[13].
Que savons-nous des guerres civiles dans les empires iraniens ? Il ne faut pas voir ces luttes pour le pouvoir simplement comme des conjurations de cour. Les luttes impliquent de véritables affrontements entre deux armées, et les exemples dans l’histoire des royaumes iraniens sont nombreux[14]. En 401 av. J.-C., Cyrus le Jeune, frère du roi achéménide Artaxerxès Ier, prend les armes contre ce dernier pour lui contester le pouvoir, et recrute une importante armée de mercenaires grecs. Les deux armées s’affrontent à Counaxa, en plein cœur de l’empire perse, où Cyrus le Jeune trouve la mort. En 224, un noble perse sassanide du nom d’Ardashir se révolte contre le dernier souverain parthe, Artaban V, qu’il écrase militairement. Cette victoire inaugure l’avènement d’une nouvelle dynastie : les Sassanides.
La guerre civile frappe aussi des empires plus centralisés comme celui des Perses Sassanides. On connaît une inscription royale du temps du roi Narseh (293-302), qui fait le récit d’une guerre victorieuse contre l’arrière-petit-fils de Bahrâm III, qui voulait prendre sa place[15]. Cette inscription est intéressante, car y figure également une liste de différents souverains et vassaux, dont l’empereur romain, qui reconnaissent le pouvoir du vainqueur[16]. La légitimité du roi étant universellement reconnue, la paix, à l’extérieur comme à l’intérieur, est solidement établie.
Par le recours aux armes, le roi contraint ses opposants à reconnaître son autorité et sa légitimité, même s’il ne faut pas croire, selon un schéma binaire, que l’ensemble de l’aristocratie était opposé au pouvoir du roi. Celui-ci savait jouer des rivalités entre les différentes factions. Pourquoi était-il parfois difficile aux rois de faire reconnaître leur pouvoir ? Il est un problème qui n’a jamais été vraiment résolu, des Achéménides aux Sassanides : celui de la succession[17]. Pourtant, la monarchie fondée par Arsace Ier est une monarchie absolue et héréditaire, et le roi est le seul à choisir son successeur[18]. Le roi avait à ses côtés un conseil, composé, entre autres, des représentants des grandes familles aristocratiques, mais il est difficile de mesurer sa véritable influence. En tout cas, ce conseil a probablement profité des moments où l’autorité du roi était faible pour renforcer son autonomie[19]. Cependant, des fils pouvaient conspirer contre leur père pour prendre sa place, surtout quand ils étaient issus d’unions entre le roi et des concubines[20]. Même au sein d’une famille nombreuse, il suffit que l’héritier potentiel meure pour que les rivalités éclatent au grand jour. Pire encore, la désignation d’un héritier du vivant du roi ne règle pas vraiment le problème des luttes pour le pouvoir[21]. La situation s’aggrave encore quand les frontières sont menacées, surtout par les Romains.
Prenons l’exemple de l’expédition menée par Antoine en 36 av. J.-C.[22]. Certains membres des factions aristocratiques pouvaient mettre en péril le pouvoir du roi, et même l’intégrité du royaume. Lorsque les Romains attaquaient les Parthes, ils s’appuyaient parfois sur des personnalités de l’aristocratie à qui ils promettaient le trône. À cette époque, le roi des Parthes est Phraatès IV, qui s’est emparé du pouvoir dans des conditions particulières : il a fait assassiner son propre père, Orode II (57-38 av. J.-C.), qui se trouvait alors dans une situation délicate après l’échec d’une expédition en 42-40 av. J.-C. contre la Syrie romaine. En effet, Pacorus, son fils, pressenti pour lui succéder, a trouvé la mort au combat. Son décès a ouvert la voie à toutes les ambitions, et Phraatès s’est emparé du pouvoir en éliminant non seulement son père, mais aussi d’autres membres de sa famille[23]. On comprend donc que les conditions de son accession au pouvoir le placent en conflit avec l’aristocratie. Pour mener à bien sa conquête, Antoine demande l’appui de Monaesès, chef de l’opposition aristocratique, et lui fait des promesses politiques. Cependant, Phraatès a vent de cette alliance et parvient à un accord avec Monaesès. Antoine cherche alors à tromper Phraatès en proposant une solution diplomatique : il demande au roi de restituer des enseignes romaines perdues au cours de précédentes campagnes. Phraatès, en position difficile, ne peut accepter cette proposition – cela apparaîtrait comme un aveu de faiblesse –, et Antoine saisit ce refus pour déclarer la guerre[24]. Si le pouvoir du roi n’est pas assez fort face aux différents ennemis, alors les différentes factions aristocratiques se lancent dans des intrigues et des luttes pour le pouvoir, dont Rome se sert pour lancer des opérations militaires. En fait, la multiplication des contacts entre Parthes et Romains dès le Ier siècle av. J.-C. aboutit à une implication toujours plus grande des aristocrates dans les affaires de politique intérieure et extérieure[25]. Déjà en 54 av. J.-C., Mithridate III, en guerre avec son frère Orode II pour le trône des Parthes, demande de l’aide au gouverneur de la province romaine de Syrie, Aulus Gabinius, ce qui constituait une première[26].
La figure de Monaesès est révélatrice des tensions qui affectent les relations entre les aristocrates et le souverain, mais aussi des fractures qui traversent l’aristocratie elle-même. Une limite tend à se dessiner entre les nobles des provinces plus hellénisées de l’ouest, et ceux des provinces orientales, plus attachés aux traditions iraniennes. Les premiers sont plus enclins à collaborer avec les Romains, et les seconds se font les champions de la défense des traditions iraniennes et des rois arsacides qui s’en réclament[27]. Comment expliquer que des aristocrates soient prêts à demander de l’aide à Rome ? Les aristocrates, notamment des provinces occidentales de l’empire, vivent mal le fait que le roi cherche à renforcer son pouvoir à leurs dépens : ils craignent pour leur influence et leur pouvoir. Ainsi l’arrivée des Romains à la frontière leur permet d’exercer une forme de chantage pour accomplir leurs ambitions personnelles et politiques. Ces aristocrates sont motivés par des raisons politiques, et non idéologiques[28].
L’échec de l’expédition d’Antoine ne dissuade pas les Romains de soutenir des rivaux du souverain parthe. Ainsi, en 26 av. J.-C., pendant une brève période un usurpateur du nom de Tiridate fait frapper à Séleucie des monnaies avec la légende suivante : « Du roi des rois, Arsace, le bienfaiteur, l’autocrate, ami des Romains, dieu manifesté, philhellène ». L’usurpateur se dit « ami des Romains », preuve que son entreprise est soutenue par ces derniers[29]. Après une guerre de plusieurs années, Tiridate est finalement vaincu et se réfugie chez les Romains[30]. Ces derniers apportent finalement un soutien timide, et Rome renonce définitivement à soutenir Tiridate en 23 av. J.-C.[31]. Même le soutien des Romains change au gré des circonstances politiques.
Les Romains pouvaient aussi tirer prétexte d’une prétendue collaboration entre leurs ennemis iraniens et des rois-clients pour envahir les territoires de ces derniers. Ainsi, le royaume de Commagène, dont le roi Antiochos IV a été accusé de conspirer avec les Parthes, est annexé en 72[32] (Fig. 1). Cette annexion permet de compléter le dispositif de défense romain en Orient, face aux Parthes. Soulignons toutefois que la Commagène, à l’est de l’actuelle Turquie, fait partie du monde iranien, et il est probable que les Parthes aient voulu tenter un rapprochement diplomatique avec ce royaume, ce que les Romains auraient vu d’un mauvais œil[33]. Toutefois, les Parthes ne réagissent pas quand la Commagène est envahie par les Romains.
D’après les sources gréco-romaines, les rois parthes faisaient vibrer la corde de leur arc pour manifester leur puissance et menacer leur interlocuteur. Ainsi, selon l’historien grec Dion Cassius, le roi des Parthes, peu de temps avant l’expédition d’Antoine en 36 av. J.-C., a abondamment invectivé les ambassadeurs, tout en faisant vibrer la corde son arc, avant de leur demander de partir[34]. La puissance de l’arc était telle qu’il suffisait de toucher la corde, sans tirer de flèche, pour susciter la crainte. Plutarque rapporte également que cet usage était en vigueur chez les Scythes, un peuple nomade au nord de la mer Noire, dont les rois, après avoir abusé de la boisson et de la nourriture au cours de banquets, touchaient la corde de leur arc pour ranimer leur courage[35]. La puissance royale est donc indissociable de l’arme que le roi porte et de valeurs comme le courage et la force.
À l’inverse, pour entamer des pourparlers ou pour louer la valeur de leurs adversaires, les Parthes, selon Plutarque, détachaient la corde de leur arc[36]. Le son produit par l’arme est une forme de langage politique. C’est un langage qui se passe de mots, de dialogue entre des participants, et qui réduit au silence les opposants. Le dialogue est une base essentielle pour construire la paix, mais le langage des armes, en se passant du consentement des interlocuteurs, impose plus l’ordre que la paix, comme le montre l’exemple du roi parthe qui se permet d’insulter et de chasser des ambassadeurs romains[37]. L’arc, en tant que symbole, fait aussi partie d’un langage. Nous reprenons ici les propos de l’égyptologue S.H. Aufrère : dans l’iconographie égyptienne, un « langage de l’arc » se met en place[38]. Dans l’histoire des royaumes iraniens, ce « langage de l’arc » existe également et ne se limite pas aux sources iconographiques. Les sources littéraires semblent montrer que les Romains et les Grecs avaient conscience des subtilités de ce langage autour de la dualité faire vibrer la corde / détendre l’arc.
En somme, le souverain, quand il est assuré de sa force et de son pouvoir, ne favorise pas la paix, il impose sa paix. La qualité de la corde de l’arc semble même étroitement liée à la temporalité de la guerre – et on sait que victoire militaire et pouvoir politique ont toujours été liés. Selon Dion Cassius, les cordes des arcs sont sensibles à l’humidité, et c’est pour cette raison que les Parthes font la guerre en été, et non en hiver. En effet, un climat sec assure aux arcs une parfaite tension[39]. À la bataille de Carrhes (53 av. J.-C.), Plutarque rapporte même que les archers montés parthes, à force de tirer, ont brisé les cordes des arcs, offrant aux Romains un temps de répit[40].
Parfois, le roi peut anticiper les troubles politiques en ordonnant la mort de compétiteurs potentiels. Dans l’Iran antique, l’arc, la flèche et le carquois étaient des symboles du pouvoir royal, des armes de prestige[41]. Les rois maniaient un arc puissant, au fondement de leur légitimité. Hérodote, historien grec du Ve siècle av. J.-C., rapporte que Cambyse, roi des Perses au VIe siècle av. J.-C., a fait mettre à mort son frère au motif qu’il avait réussi à bander avec seulement deux doigts l’arc des Ichtyophages[42]. En vertu de cet exploit, il apparaissait comme un compétiteur redoutable, susceptible de menacer le pouvoir en place.
Autre exemple, la bataille de Carrhes (53 av. J.-C.), qui reste la victoire la plus connue remportée par les Parthes sur les Romains. Tandis que le roi des Parthes faisait la guerre contre le roi d’Arménie, allié des Romains, le général Suréna, qui occupait auprès du roi une fonction très importante, écrasait les armées de Crassus[43]. Pourtant, peu de temps après cette victoire éclatante, le roi mettait à mort Suréna. Peut-être ce dernier suscitait-il de nombreux espoirs au sein de l’aristocratie, dont il fallait limiter les appétits. Suréna faisait partie d’une grande famille, les Souren[44], attachée à la cour depuis de longues décennies. Elle avait même le privilège de poser la couronne sur la tête du roi le jour du couronnement[45]. Cette famille était très puissante, possédait des ressources en abondance, contrôlait des populations dépendantes et entretenait des armées privées[46]. De manière générale, les conquêtes étaient l’occasion pour les familles aristocratiques d’augmenter leurs richesses, car le roi pouvait les récompenser en terres prises aux territoires conquis[47]. Les ressources matérielles et humaines dont pouvaient disposer ces familles étaient telles que, si des conflits éclataient entre les armées du roi et les armées de rebelles aristocrates, le roi n’était pas toujours certain de l’emporter[48]. Mais les rivalités pouvaient également se jouer entre différentes factions aristocratiques, chacune étant soucieuse d’agrandir son prestige auprès du roi[49]. Les relations entre les souverains et aristocrates parthes étaient parfois si tendues que, dès le Ier siècle av. J.-C., les positions les plus importantes à la tête de l’État n’étaient plus confiées à des aristocrates mais surtout à des membres de la famille royale. En effet, pour certaines familles aristocratiques, le fait d'occuper ces positions pouvait augmenter leur puissance et leur autonomie par rapport au pouvoir royal[50].
Le pouvoir pouvait se conquérir par la violence, mais aussi se garder par le recours aux armes. Toutefois, pour légitimer leur pouvoir et lui garantir une certaine stabilité, les rois s’appuyaient sur un programme politique et idéologique glorifiant leur puissance militaire.
2. Comment légitimer le pouvoir et imposer la paix ?
La légitimation d’un pouvoir politique, qu’il soit acquis ou maintenu par les armes, passe par toute une série de rituels et de monuments. Ces derniers aident l’idéologie à se manifester dans la réalité, et inversement donnent à la réalité une coloration idéologique[51].
À l’époque achéménide (VIe-IVe siècles av. J.-C.), l’idéologie royale est profondément enracinée en Perse. Quels en sont les éléments constitutifs ? Tout d’abord, par le titre de « roi des rois », adopté par le souverain, les Perses se distinguent des autres peuples qui composent leur empire. Le roi, lié aux dieux, dont il est le représentant sur terre, est doté d’un charisme royal. Il est le garant de l’ordre et de la justice, en somme de toutes les bonnes créations des dieux. Cet ordre peut être gravement perturbé si le roi meurt violemment ou si certains sujets ne sont pas loyaux envers lui. Pourtant, les inscriptions royales achéménides tiennent la loyauté des sujets pour garantie, cette fidélité étant la conséquence nécessaire de la relation qui unit le souverain aux dieux et des efforts entrepris par ce dernier pour préserver l’ordre et la justice[52]. En d’autres termes, s’attaquer au souverain, c’est remettre en cause la paix entre les hommes et les dieux, la paix au sein de l’univers entier. L’idéologie royale achéménide se fonde sur le principe de réciprocité : le roi prend soin de ses sujets, en retour ces derniers lui sont fidèles[53].
Les monnaies sont une source essentielle pour connaître l’histoire politique des Parthes Arsacides. Nous nous intéressons à deux motifs d’importance sur les monnaies[54]. Le premier est le plus répandu, il s’agit du roi assis sur son trône et tenant dans ses mains le redoutable arc composite (Fig. 2). L’association entre l’arme et le pouvoir – représenté par le trône – est évidente, et rappelle l’épisode de Cambyse. Quiconque maîtrise l’arme peut prétendre au pouvoir royal. Le motif du roi-archer est déjà présent sur les monnaies d’époque achéménide[55] (Fig. 3). En matière d’archerie, les souverains iraniens devaient faire preuve de compétences techniques et militaires qui leur permettaient de régner. Ainsi, d’après Plutarque, les rois parthes se vantaient de forger eux-mêmes les pointes de leurs flèches[56].
Le second motif est le gorytos, composé d’un étui pour l’arc et d’un carquois pour les flèches (Fig. 4). C’est un objet d’origine nomade, plus précisément d’origine scythe. Le motif du gorytos apparaît, selon les spécialistes, dans des circonstances bien particulières. On le trouve sur les monnaies du règne d’Arsace Ier (v. 238-211 av. J.-C.), le fondateur de la dynastie des Arsacides, et jusqu’au règne d’Orode II (57-38 av. J.-C.). Sous le règne de ce dernier se situe l’apogée de l’empire parthe : les Romains de Crassus ont été vaincus à Carrhes, mais surtout les troubles internes ont été réprimés, et l’autorité du roi est reconnue. Le gorytos serait donc l’illustration des succès militaires remportés par le roi contre ses rivaux, et le symbole dynastique de la victoire et de la paix[57]. Il est toutefois surprenant de voir que, à notre connaissance, il n’est fait aucune mention de la victoire de Carrhes sur les monnaies, mais on peut en avoir des indices. Sur des monnaies d’Orode II apparaît la légende : « Du roi des rois et fondateur, Arsace ». En se référant au fondateur de la dynastie des Arsacides, Orode II s’affiche comme un nouveau fondateur, qui a « libéré » son royaume de la menace romaine, mais aussi arménienne, les Arméniens ayant été les alliés des Romains pendant l’expédition romaine de 54-53 av. J.-C.[58].
Bien que les Parthes soient souvent désignés comme étant de parenté scythe[59] dans les sources, celles-ci montrent également que ces derniers ont cherché assez tôt à capter l’héritage des anciens souverains achéménides pour légitimer leur pouvoir face aux troubles politiques intérieurs[60]. En d’autres termes, le royaume parthe « s’iranise » de plus en plus[61]. Avant, les chercheurs pensaient qu’il fallait attendre les Sassanides au IIIe siècle pour voir cet héritage achéménide revivifié[62]. On estimait que les Sassanides utilisaient cet héritage pour mieux s’opposer à leurs prédécesseurs, les Parthes Arsacides. En effet, les Sassanides les ont calomniés pour récupérer le bénéfice des traditions iraniennes, et cette tradition historiographique a ensuite été reprise par les historiens arabes de l’époque médiévale[63]. Or, la période achéménide a exercé une grande influence sur les Parthes[64]. Historiquement, les Parthes sont les héritiers des Perses Achéménides, et cette situation n’a pas seulement été exploitée à des fins idéologiques par les Romains, mais aussi par les Parthes eux-mêmes[65].
Sur les monnaies, le titre de « roi des rois », d’origine achéménide, apparaît dès la fin du IIe siècle av. J.-C. et fait pleinement partie de la titulature des rois parthes au Ier siècle de notre ère[66]. Il est intéressant de constater que ce titre peut être porté par les rois en réaction à une tentative d’usurpation. Par exemple, la fin de règne du roi parthe Mithridate II (v. 123-88 av. J.-C.) est marquée par des troubles et des soulèvements. Or, c’est à ce moment qu’on observe sur des émissions monétaires la légende : « Du roi des rois, Arsace, le juste, le bienfaiteur et le philhellène »[67]. La mention du fondateur de la dynastie sur les monnaies de ses successeurs n’est pas inhabituelle. Deuxièmement, le fait que le roi se revendique philhellène montre qu’il souhaite avoir à ses côtés, contre ses rivaux, les populations grecques d’Orient, ou du moins – et surtout – les élites locales[68]. Après la conquête de la Mésopotamie en 141 av. J.-C.[69], sous le règne de Mithridate Ier (175-132 av. J.-C.), les Parthes ont même intégré, temporairement, des Grecs dans leur armée, notamment pour défendre la région face aux attaques de puissances voisines[70]. Même si l’expérience n’a pas eu les effets escomptés, les rois parthes n’ont pas touché aux privilèges qu’ils avaient accordés aux communautés grecques[71]. Le titre de « philhellène » était aussi une manière pour les rois parthes de se rattacher aux différents souverains qui ont succédé à Alexandre le Grand. Ainsi, le titre « philhellène » n’était pas seulement destiné aux populations grecques, mais aussi aux États voisins[72].
Prendre le titre de « roi des rois » est supposé conférer la légitimité nécessaire pour régner. Plus tard, après avoir fait déposer leur père Phraatès III en 57 av. J.-C., Mithridate III (58/57-55 av. J.-C.) et Orode II (58/57-38 av. J.-C.) s’affrontent pour le trône des Parthes. Tous deux reçoivent le soutien d’une partie de l’aristocratie[73]. Ils utilisent le titre de « roi des rois » sur leurs monnaies pour légitimer leurs prétentions dans la compétition vers le trône[74]. Les monnaies sont un support pratique et économique pour diffuser toute idéologie politique[75]. Si l’utilisation idéologique du passé achéménide a permis aux souverains parthes de se concilier une partie de l’aristocratie, en revanche il convient de ne pas surestimer les motivations idéologiques de certains soutiens[76].
Tacite rapporte aussi qu’au Ier siècle les Parthes s’affichent comme les héritiers non seulement des Achéménides, mais aussi des Macédoniens d’Alexandre le Grand, dans le but d’appuyer leurs prétentions territoriales. Or, entre les Romains et les Parthes, l’Euphrate a toujours constitué une frontière à ne pas franchir[77]. Ces objectifs géopolitiques étaient difficilement réalisables, mais suffisamment inquiétants pour que les Romains les prennent au sérieux, d’autant plus que, durant la seconde moitié du Ier siècle, les Romains perdent de l’influence en Arménie. Les Romains devaient se donc se montrer très prudents dans leurs relations diplomatiques avec les Parthes[78]. La domination des Parthes sur l’Arménie a été légalement établie lors du traité de Rhandeia, en 63, au terme d’une guerre qui a duré de nombreuses années. Il ne faut pas croire que les Parthes sont simplement restés sur la défensive face aux Romains. Ils ont attaqué Rome en Orient en 42-40 av. J.-C. et en 161. L’objectif était sans doute de reprendre la Syrie aux Romains, mais les deux expéditions ont échoué. C’est surtout au IIIe siècle que les Sassanides, ayant également repris à leur compte l’héritage des Achéménides, se montrent les plus menaçants et dirigent leurs offensives directement contre la Syrie, dont la capitale, Antioche, est prise et pillée plusieurs fois[79]. Toutefois, il serait erroné de croire que les relations entre Grecs, Romains et Iraniens ont toujours été conflictuelles[80].
Quand aurait eu lieu ce changement dans l’idéologie politique des Arsacides ? On peut supposer entre le Ier siècle avant notre ère et le début du Ier siècle, dans un contexte particulier : le temps des grandes conquêtes est terminé et l’autorité du roi commence à être contestée. Du temps de l’extension au IIe siècle av. J.-C. de l’empire parthe, le parallèle entre les conquêtes fulgurantes des Parthes et celles du roi Cyrus, premier roi achéménide, était si évident qu’il n’était pas utile de le rappeler. Mais quand les grandes conquêtes s’arrêtent et que les frontières se stabilisent, ce parallèle ne tient plus[81]. Toutefois, la stabilisation des conquêtes n’est pas un processus uniforme qui prend quelques années seulement. Prenons l’exemple de la Mésopotamie, conquise par les Parthes en 141 av. J.-C. : le processus de conquête et de consolidation ne se réduit pas à la décennie 140-130 av. J.-C., mais prend de longues années, au point de durer jusqu'au milieu du Ier siècle av. J.-C. Pendant un siècle, la situation des Parthes dans la région reste délicate, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur[82].
L’identification des Parthes aux Achéménides se renforce et devient explicite lorsque les troubles apparaissent[83]. Il y a pourtant lieu de penser que les traditions iraniennes sont présentes dès les premiers souverains arsacides[84], et que c’est sous Mithridate II qu’elles sont vraiment mises en avant. En effet, pour gérer un territoire aussi étendu, il était impossible de continuer à s’appuyer sur les structures tribales originelles. Le passage d’une société tribale à une monarchie absolue, fondée sur un modèle achéménide ancien, était donc nécessaire[85]. Lorsque l’autorité centrale est menacée, les Parthes mettent en avant les notions politiques de continuité et de légitimité[86]. Afin de prévenir tout conflit interne et de se concilier les barons et les nobles, les rois parthes s’approprient la mémoire d’un passé glorieux, dont ils se veulent les garants et les héritiers légitimes. Toutefois, ce changement ne se fait pas sans heurt avec une partie de l’aristocratie, puisqu’il s’agit de lutter contre les tendances centrifuges, renforcées par la diversité ethnique et culturelle de l’empire[87]. En effet, l’aristocratie parthe n’est pas un groupe culturellement et ethniquement homogène[88]. Dès le règne d’Arsace Ier (247-211 av. J.-C.), l’enjeu a été de construire une royauté suffisamment puissante pour unifier un empire très hétérogène[89]. L’exemple de l’Élymaïde, région voisine de la Mésopotamie, illustre bien cette situation. Au IIe siècle av. J.-C., la région profite de la désintégration progressive de l’empire séleucide pour prendre son indépendance. Tournant ses ambitions vers la Mésopotamie, le souverain se heurte aux Parthes dans la décennie 140 av. J.-C. Ces derniers l’emportent militairement et occupent la région[90]. Cependant, après le règne de Mithridate II (122-88/87 av. J.-C.), les premiers troubles internes sérieux apparaissent, et les tendances séparatistes se confirment. C’est pendant la guerre civile opposant Mithridate III et Orode II en 57 av. J.-C. que les Parthes perdent le contrôle d’une partie de l’Élymaïde[91]. Pourtant, dès le Ier siècle de notre ère et jusqu’à la fin de la dynastie des Arsacides en 224, l’Élymaïde reste sous domination parthe. Les rois parthes, notamment, s’assurent le contrôle de la partie orientale de l’Élymaïde en mettant à sa tête des membres de leur famille, au début du IIe siècle. Faisant ainsi, ils s’assurent la paix et la stabilité du côté de leur voisin et vassal, qui avant représentait une source d’instabilité sérieuse. En somme, les relations s’apaisent lorsque la domination parthe se confirme[92].
En mettant en valeur l’idée de continuité avec les Achéménides, les Parthes cherchent à empêcher des révoltes, et même des révolutions, et à unifier le royaume autour de leur pouvoir. Le culte du souverain, dès le règne de Mithridate Ier (175-132 av. J.-C.), permet de renforcer la loyauté des sujets envers le pouvoir. Les sources nous donnent peu d’informations à ce sujet, mais les influences extérieures, notamment séleucides, sont certaines[93]. L’ironie du sort, c’est que les Parthes eux-mêmes se sont imposés en se révoltant d’abord face au pouvoir des Séleucides. Toutefois, cette exaltation du passé achéménide ne suffit pas et on peut dire que la transition d’une paix imposée par les armes à une paix appuyée par l’idéologie politique, sur le consentement de tous, n’a pas eu les effets escomptés. Au IIe siècle, les rois parthes n’affichent plus ostensiblement leur amitié pour les populations grecques, et même si, sur les monnaies, on trouve encore longtemps des légendes en grec, il n’y avait quasiment plus personne pour les comprendre[94]. Ce sont plutôt les légendes en araméen qui s’imposent sur les monnaies à cette époque[95]. Il est vrai que les légendes en grec sur les monnaies étaient surtout utiles, lors des deux premiers siècles d’existence de l’empire parthe, pour se concilier les communautés grecques[96]. Après l’échec des derniers souverains séleucides à reconquérir les territoires perdus, les Parthes ont peu à peu pris leur distance avec les Grecs, conscients qu’ils ne représentaient plus vraiment un risque de révolte[97]. En résumé, la propagande des souverains arsacides s’adaptait aux circonstances et aux besoins politiques[98].
D’ailleurs, la culture grecque a-t-elle vraiment exercé une influence sur les Parthes ? Selon Jozef Wolski, l’influence grecque sur les Parthes aurait finalement été faible, et la société parthe était fortement enracinée dans son passé oriental[99]. À l’inverse, selon Josef Wiesehöfer, la cour des Arsacides, à ses débuts, était partiellement hellénisée et les rois connaissaient la langue et la culture grecques[100]. D’ailleurs, au début de leur histoire, les Parthes ont, entre autres, repris à leur compte l’héritage de leurs prédécesseurs les Séleucides, d’origine grecque, à qui ils ont pris des territoires. Cet héritage a permis aux Parthes de définir la nature de leur propre monarchie ainsi que leurs buts politiques. En tant que nouveaux conquérants, ils devaient maintenir les structures préexistantes en place afin d'assurer leur domination et la loyauté des Grecs vivant dans les cités[101]. Même les souverains sassanides faisaient preuve d’un certain intérêt pour la culture grecque[102]. Dans tous les cas, il semble que l’influence de la culture grecque sur la culture iranienne et celle de la culture iranienne sur la culture gréco-romaine n’aient été « ni révolutionnaires, ni insignifiantes »[103].
En somme, les Parthes étaient attachés à leur culture et à leurs traditions, que tout roi devait respecter. Mais de quelle(s) culture(s) parle-t-on ? Les Parthes conservent des origines scythes, du moins pendant un certain temps ; dans les premiers temps de leur existence ils ont respecté un vernis hellénique pour se concilier les populations grecques ; enfin l’héritage achéménide est invoqué dans un double but : recréer un passé pour stabiliser le présent et assurer l’avenir. Ce n’est que plus tard que le royaume parthe devient véritablement un royaume oriental en s’affichant comme tel.
Dans tous les cas, si un roi prenait ses distances avec la « tradition », qui étymologiquement signifie « ce qui est apporté, transmis », cela pouvait susciter l’aversion des aristocrates. Nous connaissons un exemple célèbre, celui du roi parthe Vononès, qui a vécu longtemps à Rome, à la cour d’Auguste, avant de devenir roi. Il a été appelé à régner à la demande des barons, preuve qu’ils pouvaient, éventuellement, avoir leur mot à dire dans la succession royale. Toutefois, son comportement suscite la réprobation : on l’accuse, entre autres, de renier les traditions, comme chasser ou se déplacer à cheval, en somme d’avoir dégradé et avili le nom des Parthes. Considéré comme une marionnette des Romains, il est finalement chassé. Cet épisode nous est rapporté par Tacite[104]. Si l’on met à part les effets rhétoriques et les exagérations, la réaction de dégoût des aristocrates reste probable, d’autant plus que monter à cheval et chasser étaient des traditions millénaires[105]. On jugeait les rois en fonction du respect qu’ils avaient pour ces traditions en grande partie d’origine iranienne[106]. En 35, Phraatès, dernier fils de Phraatès IV, ayant aussi séjourné à Rome pendant une longue période, occupe le trône des Parthes. Tacite rapporte qu’il a alors tenté d’abandonner les mœurs romaines pour adopter celles des Parthes, mais qu’il est mort rapidement de maladie en raison de sa constitution, « trop faible pour des mœurs qui n’étaient plus les siennes »[107].
Pourquoi la chasse était-elle si importante dans les traditions politiques iraniennes ? Les rois sassanides, par exemple, surtout dès le IVe siècle, se faisaient représenter en train de chasser, dans la plus pure tradition orientale, abattant de leurs flèches les animaux sauvages (Fig. 5). En tuant les bêtes, les rois sassanides se posaient comme les défenseurs de l’ordre et de la vérité contre le chaos et le mensonge. Les rois remportaient souvent des victoires sur les lions, or cet animal était associé à l’esprit du mal, Ahriman, dans la religion zoroastrienne[108]. Chasse et guerre étaient étroitement liées, en partie parce qu’elles visaient le même objectif, concrètement et symboliquement : établir la paix du roi.
En 224, un certain Ardashir, membre d’une illustre famille d’aristocrates, se révolte contre Artaban V, qu’il renverse au terme d’une guerre civile. Le célèbre relief de Firuzabad narre leur affrontement (Fig. 6). Le monument à la fois exalte la victoire sassanide et proclame l’établissement d’une nouvelle dynastie au détriment des Arsacides. On identifie sur ce relief trois scènes majeures, chacune de ces scènes représenterait une étape de la guerre menée par Ardashir contre les Arsacides. La victoire est représentée par un duel équestre au cours duquel le compétiteur sassanide renverse son rival arsacide[109]. Dans l’art iranien, le motif du duel est très important : il sert à faire référence à des tournants décisifs ou des décisions historiques[110].
La révolte d’Ardashir s’appuie sur une partie de l’aristocratie et relève d’un véritable projet politique. En effet l’empire parthe, à la toute fin du IIe siècle et au début du IIIe siècle, subit plusieurs agressions romaines : pillage des deux capitales, Séleucie du Tigre et Ctésiphon en 164-165, attaque de Septime Sévère en 197, expédition de Caracalla qui aboutit à la bataille de Nisibe en 217. Les guerres parthiques de Trajan entre 114 et 117 marquent un tournant dans les relations entre Rome et les Parthes, désormais les Romains passent souvent à l’offensive[111]. Malgré les lourdes pertes des deux côtés, cette incapacité à assurer la défense de l’empire provoque la colère d’une partie de l’aristocratie. En effet, pour que le souverain arsacide soit respecté, il doit faire preuve de dignité et de fermeté dans les relations avec ses voisins, surtout avec Rome[112]. Pour mettre fin à ces menaces et assurer la paix avec les Romains, il faut mettre en péril la paix à l’intérieur des frontières et renverser le roi.
Comment assurer la paix avec les Romains, ou du moins les empêcher d’attaquer ? En 20 av. J.-C., le roi parthe Phraatès IV fait remettre à l’empereur Auguste les enseignes romaines perdues à Carrhes (53 av. J.-C.) et au cours de l’expédition d’Antoine (36 av. J.-C.). Il fait également restituer les prisonniers. En échange, les Romains s’engagent à ne pas venger les défaites militaires et renoncent à faire de l’Arménie une province romaine. La propagande augustéenne présente l’événement comme une victoire diplomatique décisive, comparable à une victoire militaire : le roi parthe supplie la paix auprès de l’empereur[113]. Or, la réalité est beaucoup plus complexe[114]. En réalité, il est fort probable que cette restitution des enseignes ait été un succès marchandé[115] : les Romains auraient payé une forte somme d’argent[116]. Les sources romaines sont très peu claires à ce sujet : en dépit de l’importance qu’elles donnent à l’événement, elles entrent peu dans les détails. De plus, elles donnent de Phraatès IV l’image d’un souverain en position de faiblesse. Or, c’était loin d’être le cas[117]. Mieux encore, Phraatès IV était en position de force, il est le maître du jeu et peut se permettre de tarder à honorer sa promesse de rendre les enseignes[118]. Entre 27 et 23 av. J.-C. Phraatès IV fait frapper dans son empire un grand nombre de tétradrachmes. Quelle est l’origine de ces monnaies ? On peut penser à un paiement partiel et anticipé de la part d’Auguste[119]. À quoi a pu servir cet argent ? Phraatès IV s’en est servi pour financer la paix au sein de son empire et se concilier une partie de l’aristocratie qui, quelques années auparavant, avait été courtisée par son rival Tiridate[120]. En résumé, le compromis entre Parthes et Romains reste fragile, mais il n’empêche pas ces derniers, à de nombreuses reprises, d’intervenir, directement ou indirectement, dans les affaires de leur voisin.
C’est pourquoi, pour les Sassanides plus tard, la paix ne peut s’obtenir que par le recours aux armes, il faut l’imposer, et c’est ce que montrent, par exemple, les reliefs monumentaux de Naqsh-i Rustam ou de Bishapur, glorifiant la triple victoire de Shapur, successeur d’Ardashir, sur les empereurs romains Gordien III, Philippe l’Arabe et Valérien (Fig. 7). Compte tenu du caractère symbolique des reliefs monumentaux sassanides, il est normal que ces trois événements distincts apparaissent dans une seule et même scène[121]. En effet, Gordien III a été tué en 244, son successeur Philippe a fait la paix avec les Perses la même année et Valérien a été capturé en 259 ou 260[122]. Sur le site de Naqsh-i Rustam, une inscription rédigée en trois langues fait le récit des campagnes victorieuses de Shapur[123]. Dans l’idéologie sassanide, les guerres de conquête, et surtout victorieuses, font partie des devoirs du Grand Roi. Cependant, l’inscription présente les campagnes perses comme des réponses à des agressions romaines. Les empereurs romains apparaissent comme des vassaux et des tributaires de Shapur[124] : Philippe l’Arabe, successeur de Gordien III, vaincu et tué, paie un tribut de 500 000 deniers. Quand on regarde de près la composition de la scène, on constate que l’empereur Valérien n’est pas au centre. Sa capture a été un grand traumatisme pour les Romains. Pourtant, le centre de la composition est occupé par Philippe qui supplie la paix et accepte le versement du tribut. Pour le roi sassanide, c’est l’acte de soumission volontaire qui importe le plus, tandis que la capture de Valérien fait plutôt partie des hasards de la guerre[125]. On l’aura compris, le roi sassanide apparaît comme un héros de guerre qui n’a pas peur d’aller au combat et dont la victoire est favorisée par les dieux.
La victoire militaire était au fondement de l’idéologie politique des royaumes iraniens, déjà à l’époque achéménide. Darius Ier (521-486 av. J.-C.), mettait en valeur, dans une inscription de Béhistoun, la protection divine dont il jouissait, lui assurant la victoire sur ses adversaires, présentés comme des rebelles ou des usurpateurs. Si l’on en croit cette inscription, le roi, dès son arrivée au pouvoir, a dû batailler contre plusieurs compétiteurs pour s’imposer : « Voilà ce que j’ai fait, grâce à Ahura-Mazda, en une seule année, après être devenu roi ; j’ai livré dix-neuf batailles, grâce à Ahura-Mazda, je les ai battus et j’ai capturé neuf rois »[126]. Cette image du roi s’inscrit dans une tradition plus ancienne encore, dont les origines remontent aux époques assyrienne et mésopotamienne[127]. Citons des paroles que la tradition prête au roi assyrien Ashurnasirpal II (883-859 av. J.-C.)[128] : « À ce moment de ma souveraineté, ma domination et mon pouvoir tiraient leur origine des grands dieux ; je suis roi, je suis seigneur, je suis digne d’éloge, je suis exalté, je suis important, je suis magnifique, je suis le plus grand, je suis un héros, je suis un guerrier, je suis un lion, et je suis un homme, un vrai… »[129]. L’accumulation des superlatifs et des qualités diverses, qui ont trait principalement à la guerre, ainsi que la référence aux dieux, ont pour but de légitimer le pouvoir du roi. En somme, si le roi gouverne, ce n’est jamais par hasard, mais parce qu’il est considéré comme le meilleur, le favori des dieux[130].
Cependant, dans d’autres documents d’époque sassanide, l’empereur romain tient une place privilégiée parmi les vassaux : il est le seul à qui le roi accorde son amitié, garante de la paix entre deux empires. Le roi sassanide respecte l’empereur romain, et dans sa lutte contre les barbares d’Asie, il n’est pas rare de voir le roi demander des subsides à son collègue. Les deux souverains apparaissent comme les centres d’un monde civilisé qui se doivent assistance et soutien mutuels pour protéger ce monde contre les barbares[131]. Un changement s’est produit entre les Arsacides et les Sassanides. En effet, les Arsacides mettaient un point d’honneur à ce que les Romains les considèrent comme des égaux. Le but de cette demande était de renforcer la position des souverains arsacides envers leurs autres voisins, et surtout leurs vassaux[132]. Mais comment les auteurs romains voyaient-ils les Parthes ? Tacite les considérait comme des rivaux de Rome[133]. Pour Fronton, qui écrit sous le règne de Marc-Aurèle (161-180), les Parthes méritaient pleinement qu’on les considère comme des ennemis[134]. En revanche, pour la plupart des Romains, les Parthes formaient un autre monde, un alter orbis, décadent et barbare, dont ils cherchaient à se protéger[135]. De manière générale, Rome envisageait l’Orient comme son exact opposé, les deux mondes étant liés par des relations asymétriques[136].
Si l’idée d’un soutien mutuel entre les deux puissances est ancienne, elle ne va pas de soi. En 75, les Parthes sont envahis par les Alains, un peuple d’Asie centrale. Le roi parthe Vologèse demande de l’aide à Rome, mais l’empereur Vespasien tarde à réagir, pour finalement refuser d’intervenir au motif qu’il n’a pas à s’immiscer dans les affaires de son voisin[137].
Il existe un autre moyen de faire la paix avec le voisin. Depuis la bataille de Philippes (42 av. J.-C.), qui fut un épisode sanglant de la troisième et dernière guerre civile de la fin de la République, il n’est pas rare de voir des Parthes participer aux conflits des Romains, notamment lors des guerres civiles. L’objectif est double : il s’agit de ménager le vainqueur et de le détourner des territoires parthes, mais aussi d’obtenir éventuellement des gains territoriaux. La Syrie romaine faisait partie des territoires convoités par les Parthes, même si face à l’Empire romain ils se sont montrés bien peu offensifs[138]. Par exemple, lors de la guerre civile de 68-69, le roi des Parthes Vologèse propose à Vespasien, pour le soutenir dans sa lutte contre Vitellius, le soutien de 40 000 cavaliers[139]. Un tel soutien peut surprendre. Peut-être les Parthes redoutaient-ils une victoire de Vitellius, qui aurait pu tourner ses regards vers l’Orient. La mort de Vitellius rend ce soutien inutile.
Conclusion
Au sein des royaumes iraniens, le pouvoir suscitait les convoitises, et les rois avaient parfois du mal à le conserver face à des ennemis situés aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de leurs frontières. Pour installer durablement la paix et jouir d’un pouvoir stable, il fallait non seulement être victorieux par les armes, mais aussi prouver sa légitimité à régner par un tout un programme idéologique. Cependant, ce programme montrait de la réalité une image positive, occultant une réalité « infiniment plus heurtée et plus sanglante »[140]. Dans des royaumes où la victoire militaire – et plus généralement la participation au combat – était une condition importante, si ce n’est essentielle[141], pour arriver au pouvoir et le maintenir, on comprend aisément que la violence n’était jamais complètement écartée de la vie politique[142].
La paix est possible lorsque le roi, en position de force, se place au-dessus des rivalités entre aristocrates, dont il peut tirer profit pour conforter son pouvoir. Cette paix se fonde sur la menace et ne dure que relativement peu de temps. À titre d’exemple, l’apogée de l’empire parthe se situe à la fin du Ier siècle avant notre ère. Les siècles suivants, jusqu’à la fin des Arsacides, sont marqués par la déliquescence de l’autorité royale, ce qui favorise les guerres civiles et les agressions romaines. Cette faiblesse du roi s’explique par les structures politiques de l’État arsacide. Il faut attendre l’avènement des Sassanides pour voir l’État central se consolider au détriment des familles aristocratiques, et ce renforcement de l’autorité royale est à la fois cause et conséquence des campagnes victorieuses menées contre les Romains.
Mais peut-on encore parler de paix ? Le souverain peut ramener l’ordre et imposer son autorité par les armes, mais il ne ramène pas vraiment la paix, ou alors c’est une paix de façade, une paix dont il fixe les conditions.
[1] Je tiens d’abord à remercier les organisateurs de ces journées pour leur invitation et leur accueil. Ce travail a bénéficié du soutien du LabEx ARCHIMÈDE au titre du programme 'Investissement d’Avenir' ANR-11-LABX-0032-01.
[2] Mahmoud M. Khorasani, « El arma sagrada: el combate con arco y flecha en Iran », dans Revista de Artes Marciales Asiaticas, 5.1, 2010, p. 55.
[3] Edward dabrowa, « The Parthian aristocracy: its social position and political activity », dans Parthica, 15, 2013, p. 53.
[4] Edward dabrowa, Studia Graeco-Parthica. Political and Cultural Relations between Greeks and Parthians, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2011, p. 111.
[5] Jozef wolski, « Les relations de Justin et de Plutarque sur les esclaves et la population dépendante dans l'empire parthe », dans Iranica Antiqua, 18, 1983, p. 145-157.
[6] Edward dabrowa, « Les Grecs sous les drapeaux des Arsacides », dans Parthica, 7, 2005, p. 65.
[7] Sur la nécessité d’une nouvelle histoire de l’Iran, voir notamment Jozef wolski, « Dans l'attente d'une nouvelle histoire de l'Iran arsacide », dans Iranica Antiqua, 20, 1985, p. 163-173.
[8] Josef wiesehöfer, « From Achaemenid Imperial Order to Sasanian Diplomacy: War, Peace and Reconciliation in Pre-Islamic Iran », dans Kurt A. raaflaub (éd.), War and Peace in the Ancient World, Oxford, Blackwell Publishing, 2007, p. 121.
[9] Charlotte lerouge, L'image des Parthes dans le monde gréco-romain, du début du Ier siècle av. J.C. jusqu'à la fin du Haut-Empire romain, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2007, p. 281, 361-363. Pour un résumé de tous les poncifs gréco-romains sur les Parthes : Charlotte lerouge, op. cit., p. 323-360.
[10] sénèque, De la constance du sage, II, 13, 4.
[11] Edward dabrowa, « The Parthian aristocracy: its social position and political activity », dans Parthica, 15, 2013, p. 55.
[12] Pierre briant, « Guerre et succession dynastique chez les Achéménides : entre ‘coutume perse’ et violence armée », dans Angelo chaniotis, Pierre ducrey (eds.), Army and Power in the Ancient World, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2002, p. 39.
[13] Pour une présentation générale : Garrett fagan 2011 : « Violence in Roman Social Relations », dans Michael peachin (ed.), The Oxford Handbook of Social Relations in the Roman World, Oxford, Oxford University Press, p. 467-495.
[14] Pierre briant, art. cit., p. 42.
[15] Zeev rubin, « The Roman Empire in the Res Gestae Divi Saporis – The Mediterranean World in Sasanian propaganda », dans Edward DABROWA (ed.), Ancient Iran and the Mediterranean World, Cracovie, Jagiellonian University Press, 1998, p. 181.
[16] Zeev rubin, art. cit., p. 181.
[17] Sur la succession chez les Achéménides : Pierre briant, art. cit., p. 39-49.
[18] Sur les caractéristiques de cette monarchie absolue : Edward dabrowa, Studia Graeco-Parthica. Political and Cultural Relations between Greeks and Parthians, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2011, p. 111-121.
[19] Edward dabrowa, op. cit., p. 113.
[20] Edward dabrowa, ibid., p. 114.
[21] Pierre briant, art. cit., p. 46.
[22] Sur l’expédition : Edward dabrowa, « Marc-Antoine, les Parthes et l'Arménie », dans Giusto traina (ed.), Studi sull'eta di Marco Antonio, Congedo Editore, Galatina, 2010, p. 341-352.
[23] David sellwood, « Parthian coins », dans Ehsan yarshater (ed.), The Cambridge History of Iran, volume III, 1. The Seleucid, Parthian and Sasanian Periods, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 291.
[24] Sur ces tractations diplomatiques : Edward dabrowa, art. cit., p. 341-352.
[25] Edward dabrowa, « The Parthian aristocracy: its social position and political activity », dans Parthica, 15, 2013, p. 56.
[26] DION cassius, XXXIX, 56, 2-4 ; Edward dabrowa, art. cit., p. 56-57.
[27] Edward dabrowa art. cit., p. 59.
[28] Edward dabrowa, ibid., p. 60.
[29] David sellwood, op. cit., p. 292.
[30] Edward dabrowa, ibid.., p. 57-58.
[31] Jérôme gaslain, Jean-Yves maleuvre, « Auguste et les Arsacides, ou le prix des enseignes », dans Parthica, 8, 2006, p. 180.
[32] FLAVIUS josèphe, Bellum Iudaicum, VII, 7, 1.
[33] Edward dabrowa, « Les rapports entre Rome et les Parthes sous Vespasien », dans Syria, 58, 1981, p. 197-199.
[34] DION cassius, Histoire romaine, XLIX, 27, 4.
[35] plutarque, Démétrios, 19, 10.
[36] plutarque, Antoine, 46, 1-2 ; 49, 3.
[37] dion cassius, Histoire romaine, XLIX, 27, 4.
[38] Sydney H. aufrère, « Dieux combattants et génies armés dans les temples de l’Égypte de l’époque tardive : archers, piquiers et lanciers », dans Pierre sauzeau, Thierry van compernolle (éds.), Les Armes dans l’Antiquité, de la techique à l’imaginaire, Montpellier, PULM, 2007, p. 297.
[39] dion cassius, Histoire romaine, XL, 15, 4.
[40] plutarque, Crassus, XL, 24, 1.
[41] Giusto traina, Carrhes, 9 juin 53 avant J.-C. Anatomie d’une défaite, Paris, Les Belles Lettres, 2011, p. 75-76 ; Bernard K, « Arc », dans Mètis, 6, 1991, p. 225-226.
[42] hérodote, Histoires, III, 30, 1.
[43] Pour un résumé du déroulement de la bataille : Giusto traina, op. cit., p. 81-94.
[44] Sur l’histoire et l’origine de cette famille : Giusto traina, op. cit., p. 63-64.
[45] Edward dabrowa, « The Parthian aristocracy: its social position and political activity », dans Parthica, 15, 2013, p. 56.
[46] Edward dabrowa, La politique de l’Etat parthe à l’égard de Rome – d’Artaban II à Vologèse Ier (c. 11 – c. 79 de notre ère) et les facteurs qui la conditionnaient, Cracovie Nakladem Uniwersytetu Jagiellonskiego, 1983, p. 75.
[47] Edward dabrowa, art. cit., en Parthica, 15, 2013, p. 55.
[48] Edward dabrowa, ibid.., p. 56.
[49] Edward dabrowa, ibid., p. 59.
[50] Edward dabrowa, ibid., p. 56.
[51] Tonio hölscher, « The Transformation of Victory into Power: From Event to Structure », dans Sheila dillon, Katherine E. welch (éd.), Representations of War in Ancient Rome, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, p. 27-48.
[52] Josef wiesehöfer, « From Achaemenid Imperial Order to Sasanian Diplomacy: War, Peace and Reconciliation in Pre-Islamic Iran », dans Kurt A. raaflaub (ed.), War and Peace in the Ancient World, Oxford, Blackwell Publishing, 2007, p. 124-126.
[53] Josef wiesehöfer, art. cit., p. 126.
[54] Pour une synthèse générale sur le monnayage parthe : Frédérique duyrat, « Le monnayage parthe », dans Dossiers d’archéologie, 271, 2002, p. 34-41.
[55] Pour les témoignages littéraires : plutarque, Agésilas, 15, 8 ; Artaxerxès, 20, 6.
[56] plutarque, Démétrios, 20, 4.
[57] Jérôme gaslain, « Réflexions sur la signification des armes des premières monnaies arsacides », dans Marcus mode, Jörgen tubach (eds.), Arms and Armour as Indicators of Cultural Transfer, Wiesbaden, Dr. Ludwig Reichert Verlag, 2006, p. 233-258, dans part. p. 243.
[58] David sellwood, op. cit., p. 290.
[59] Charlotte lerouge, L'image des Parthes dans le monde gréco-romain, du début du Ier siècle av. J.C. jusqu'à la fin du Haut-Empire romain, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2007, p. 305-306 : Dans les discours gréco-romains qui traitent de la valeur militaire des Parthes, on trouve de nombreuses références aux Scythes.
[60] Josef wiesehöfer, Iraniens Grecs et Romains, Paris, Association pour l'avancement des études iraniennes, 2005, p. 119-120.
[61] Josef wiesehöfer, op. cit., p. 72.
[62] Jozef wolski, « Les Achéménides et les Arsacides. Contribution à l’histoire de la formation des traditions iraniennes », dans Syria 43.1-2, 1966, p. 67-68.
[63] Jozef wolski, art. cit., p. 89.
[64] Jozef wolski, ibid., p. 67-68.
[65] Philip hardie, « Images of the Persian Wars in Rome », dans Emma bridges y otros (eds.), Cultural Responses to the Persian Wars, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 127 ; Charlotte lerouge, « Comment se construit une image des Parthes à Rome », dans Mathilde simon (éd.), Identités romaines, conscience de soi et représentations de l'autre dans la Rome antique, Paris, Rue d'Ulm, Presses de l'Ecole Normale Supérieure, 2011, p. 147-156.
[66] Richard n. frye, The History of Ancient Iran, Munich, Verlag C.H. Beck, 1984, p. 214.
[67] David sellwood, op. cit., p. 285.
[68] Josef wiesehöfer, art. cit., p. 127-130.
[69] Sur la conquête de la Mésopotamie et la formation de l’empreinte politique arsacide dans la région : Jérôme gaslain, « Éléments de réflexion sur la conquête et l'occupation arsacides de la Mésopotamie (IIe siècle av. n. è.) », dans Parthica, 12, 2010, p. 9-16.
[70] Edward dabrowa, « Les Grecs sous les drapeaux des Arsacides », dans Parthica, 7, 2005, p. 65-67.
[71] Edward dabrowa, art. cit., p. 68-69.
[72] Josef wiesehöfer, op. cit., p. 124-125.
[73] Edward dabrowa, « The Parthian aristocracy: its social position and political activity », dans Parthica, 15, 2013, p. 56-57.
[74] David sellwood, op. cit., p. 289.
[75] Edward dabrowa, Studia Graeco-Parthica. Political and Cultural Relations between Greeks and Parthians, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2011, p. 96-97.
[76] Edward dabrowa, art. cit., p. 60.
[77] tacite, Annales, VI, 31. Voir aussi Edward dabrowa, op. cit., p. 119-120.
[78] Edward dabrowa, « Les rapports entre Rome et les Parthes sous Vespasien », dans Syria, 58, 1981, p. 189-191.
[79] Robert ghirshman, « L'Iran et Rome aux premiers siècles de notre ère », dans Syria, 49, 1972, p. 161-164.
[80] Josef wiesehöfer, art. cit., p. 121.
[81] Jacob neusner, « Parthian Political Ideology », dans Iranica Antiqua, 3.1, 1963, p. 40-59.
[82] Jérôme gaslain, art. cit., p. 13.
[83] Jacob neusner, art. cit., p. 40-59.
[84] Edward dabrowa, op. cit., p. 119.
[85] Jozef wolski, « Les relations de Justin et de Plutarque sur les esclaves et la population dépendante dans l'empire parthe », dans Iranica Antiqua, 18, 1983, p. 145-157.
[86] Richard n. frye, op. cit., p. 250.
[87] Edward dabrowa, La politique de l’Etat parthe à l’égard de Rome – d’Artaban II à Vologèse Ier (c. 11 – c. 79 de notre ère) et les facteurs qui la conditionnaient, Cracovie Nakladem Uniwersytetu Jagiellonskiego, 1983, p. 76-78.
[88] Edward dabrowa, « The Parthian aristocracy: its social position and political activity », dans Parthica, 15, 2013, p. 54.
[89] Edward dabrowa, Studia Graeco-Parthica. Political and Cultural Relations between Greeks and Parthians, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2011, p. 112.
[90] Edward dabrowa, « A troublesome vassal? Elymais and Parthia (141 BC-AD 228) », dans Parthica, 16, 2014, p. 61-64.
[91] Edward dabrowa, art. cit., p. 64-65.
[92] Edward dabrowa, art. cit., p. 67.
[93] Edward dabrowa, ibid., p. 99-107.
[94] Otto kurz, « Cultural Relations between Parthia and Rome », en Ehsan YARSHATER (éd.), The Cambridge History of Iran, volume III, 1. The Seleucid, Parthian and Sasanian Periods, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 560.
[95] Edward dabrowa, ibid., p. 124.
[96] Edward dabrowa, ibid., p. 96.
[97] Edward dabrowa, ibid., p. 96-97.
[98] Edward dabrowa, ibid., p. 97.
[99] Jozef wolski, « Les relations de Justin et de Plutarque sur les esclaves et la population dépendante dans l'empire parthe », dans Iranica Antiqua, 18, 1983, p. 156.
[100] Josef wiesehöfer, op. cit., p. 71 et p. 124.
[101] Edward dabrowa, op. cit., p. 127.
[102] Josef wiesehöfer, ibid., p. 74.
[103] Josef wiesehöfer, ibid., p. 77.
[104] tacite, Annales, II, 2, 2-4.
[105] Josef wiesehöfer, ibid., p. 116-119.
[106] Josef wiesehöfer, ibid., p. 126 ; Edward dabrowa, ibid., p. 118-119.
[107] tacite, Annales, VI, 32.
[108] Michael whitby, « The Persian King at War », dans Edward dabrowa (éd.), The Roman and Byzantine Army in the East, Proceedings of a colloquium held at the Jagiellonian University, Krakow in September 1992, Cracovie, Universitet Jagiellonski, 1994, p. 238.
[109] Maciej grabowski, « Arsashir’s struggle against the Parthians. Towards a Reinterpretation of the Firuzabad I Relief », dans Iranica Antiqua, 46, 2011, p. 207-233.
[110] Josef wiesehöfer, art. cit., p. 131.
[111] Charles s. lightfoot, « Trajan's Parthian War and the Fourth-Century Perspective », dans Journal of Roman Studies, 80, 1990, p. 115.
[112] Edward dabrowa, art. cit., p. 118.
[113] Jérôme gaslain, Jean-Yves maleuvre, « Auguste et les Arsacides, ou le prix des enseignes », dans Parthica, 8, 2006, p. 169.
[114] Josef wiesehöfer, op. cit., p. 111-113.
[115] Jérôme gaslain, Jean-Yves maleuvre, art. cit., p. 169.
[116] Jérôme gaslain, Jean-Yves maleuvre, ibid., p. 180.
[117] Jérôme gaslain, Jean-Yves maleuvre, ibid.., p. 170.
[118] Jérôme gaslain, Jean-Yves maleuvre, ibid., p. 185.
[119] Jérôme gaslain, Jean-Yves maleuvre, ibid., p. 184.
[120] Jérôme gaslain, Jean-Yves maleuvre, ibid., p. 187.
[121] b.c. macdermot, « Roman Emperors on Sassanian Reliefs », dans Journal of Roman Studies, 44, 1954, p. 76-80.
[122] Sur les enjeux, la signification et les conséquences de la guerre menée par Valérien contre les Perses : Francisco j. guzman armario, « El proyecto imposible o la conquista de Persia por Roma: el caso del emperador Valeriano (260 d.C.) », dans Gonzalo bravo, Raul gonzalez salinero (éd.), Conquistadores y conquistados: relaciones de dominio en el mundo romano, Madrid, Signifer Libros, 2014, p. 171-183.
[123] Richard n. frye, op. cit., p. 371-373.
[124] Josef wiesehöfer, art. cit., p. 132 : dans l'idéologie royale sassanide, Romains et Byzantins sont considérés comme des subordonnés, même si lors des contacts diplomatiques les Sassanides doivent reconnaître l'égalité entre les deux empires.
[125] b.c. macdermot, art. cit., p. 76-80.
[126] Pierre briant, art. cit., p. 39.
[127] Georgina hermann : « Parthian Culture and Costume », dans John curtis (ed.), Mesopotamia and Iran in the Parthian and Sasanian Periods. Rejection and Revival, c. 238 BC-AD 642, Londres, The British Museum Press, 2000, p. 45.
[128] Georgina hermann, art. cit., p. 45.
[129] Traduction personnelle de l’anglais au français.
[130] Josef wiesehöfer, art. cit., p. 124-126.
[131] Zeev rubin, op. cit., p. 177-186.
[132] Edward dabrowa, op. cit., p. 118.
[133] tacite, Annales, XV, 13 : Parthis, Romani imperii aemulis.
[134] fronton, Principia Historiae, 6. Voir aussi tacite, Annales, II, 2, 2.
[135] M. Rahim shayegan, Arsacids and Sasanians. Political Ideology in Post-Hellenistic and Late Antique Persia, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 335.
[136] Rolf Michael schneider, « Friend and Foe: the Orient in Rome », dans Vesta s. curtis, Sarah stewart (éd.), The Idea of Iran. Volume II, The Age of the Parthians, Londres, New York, I.B. Tauris, 2007, p. 60.
[137] suétone, Domitien, 2, 5 ; Edward dabrowa, « Les rapports entre Rome et les Parthes sous Vespasien », dans Syria, 58, 1981, p. 202-204.
[138] Edward dabrowa, art. cit., p. 189-191.
[139] tacite, Histoires, IV, 51, 1-2.
[140] Pierre briant, art. cit., p. 40.
[141] Edward dabrowa, op. cit., p. 118.
[142] Pierre briant, art. cit., p. 49.
Illustrations
Fig. 1 : Carte de l’Orient romain au IIe siècle. La Commagène, à cette époque annexée par Rome, est représentée sur la carte par une étoile. Maurice SARTRE, L’Orient romain, Paris, Seuil, 1991, p. 583 (détail). Carte réalisée par Claudine BRIGNON, de l’atelier de cartographie de l’université de Tours.
Fig. 2 : Drachme d’Arsace Ier (v. 238-211 av. J.-C.). BnF-MMA. 1969-357. Diamètre : 1,8 cm. Il s’agit peut-être de l’une des premières monnaies frappées sous son règne. Le roi, coiffé du bachlik – couvre-chef d’origine nomade – est assis sur son trône et tient son arme de prédilection, l’arc composite. Frédérique DUYRAT, « Le monnayage parthe », en Dossiers d’archéologie, 271, 2002, p. 37.
Fig. 3 : Monnaie d’argent émise vers 500 av. J.-C., sous Darius Ier (v. 521-486 av. J.-C.). Représentation du roi-archer agenouillé, en train de tendre l’arc. Base de données du musée du Louvre (référence fds gén. 102). URL : http://cartelfr.louvre.fr/
Fig. 4 : Monnaie de bronze datant du roi parthe Arsace Ier (v. 238-211 av. J.-C.). Sur l’avers, représentation du roi coiffé du bachlik – couvre-chef d’origine nomade. Sur le revers, représentation du gorytos, qui contient un arc. Jérôme GASLAIN, « Réflexions sur la signification des armes des premières monnaies arsacides », en M. MODE, J. TUBACH (eds.), Arms and Armour as Indicators of Cultural Transfer, Wiesbaden, Dr. Ludwig Reichert Verlag, 2006, p. 239, fig. 2.
Fig. 5 : Coupe (détail). Datation : entre le Ve et le VIe siècle. Le roi sassanide à la chasse. Robert GHIRSHMAN, Parthes et Sassanides, Paris, Gallimard, 1962, Fig. 314 (détail).
Fig. 6 : Relief de Firuzabad (détail), dans l’actuel Iran. Datation : après 228 (date à laquelle les Parthes cessent d’émettre des monnaies, signe que la résistance parthe s’est éteinte). Le Sassanide Ardashir renverse au cours d’un duel équestre son rival le roi des Parthes, Artaban V. Robert GHIRSHMAN, Parthes et Sassanides, Paris, Gallimard, 1962, Fig. 165 (détail).
Fig. 7 : Relief de Bishapur (détail), dans l’actuel Iran. Datation : deuxième moitié du IIIe siècle. Le roi sassanide, Shapur Ier, tient prisonnier l’empereur romain Valérien, capturé en 259 ou 260. Sous les sabots de son cheval, gît le cadavre de l’empereur Gordien III, mort en 244. Robert GHIRSHMAN, Parthes et Sassanides, Paris, Gallimard, 1962, Fig. 196 (détail).